On
en a tellement entendu, depuis le début de ce nouveau
siècle, des groupes qui se réapproprient les années
80 ; qu’on a l’impression que tout ce qui avait
à en récupérer a déjà été abondamment pillé. Par
l’élèctro d’abord où Felix
da Housecat et l’électo-clash se sont donné à cœur
joie sur les sonorités des beatbox préhistoriques ;
puis par le rock, qui de Radio 4 à Bloc
Party, Dirty Pretty Things et Franz
Ferdinand s’est mis ensuite à piller Joy
Division, les Smiths,
The Clash, et
le post punk de Dinosaur
JR ou Cure. Aussi, on a du mal depuis déjà un certain temps, à s’émouvoir
quand un groupe nous est annoncé comme habile récupérateur
de nos vertes années ’80.
Oui
mais… Tous les groupes ne sont pas Lansing
Dreiden. Et tous les albums n’ont pas la carrure
de Dividing
island. Lansing
Dreiden est un collectif new-yorkais présent du côté
des revues « hype » qu’on s’échange
lors de leurs vernissages autant que sur la scène des
shows de Big Apple, désormais souvent annoncés
complets. Leur musique, sur ce deuxième album, renvoie
effectivement immédiatement aux années 80. Et si eux
seuls sans doute sont capables de comprendre le schéma
philosophique moteur de l’album (on y parle
d’illustration des deux côtés de la division avec
une ligne les séparant
ou de dualité qui n’est pas forcément des états
de côtés distincts, progression et régression s’y mélangeant,
descente et montée s’y bousculant.) ; il n’en
demeure pas moins que Dividing
island est sans doute un des musts discrets de 2006.
Car
ce n’est pas une réappropriation d’une portion
congrue des eighties, mâtinée d’une quelconque
tentative d’aller de l’avant, auquel se livre le
groupe fil des 10 titres de ce nouvel album. Non. On a
envie de l’imaginer plutôt comme un hommage global et
total à la décennie de référence. Un salto arrière
dans la piscine du passé, un voyage dans
la De Lorean
à remonter le temps. Soit 36 minutes à rebours pour
dresser un portrait complet des 80’s.
Un
poil de late Pink
Floyd, un soupçon de métal hurlant, quelques voix
triturées comme du temps de Sisters
of Mercy, de
l’électronique dansante à faire rougir New
Order, de la pop chipée à Human
League ou OMD, de la boîte à rythme qui se substitue à la batterie, de la réverb’
de corbac, des lyrics qui tirent du côté de Seal… Distillés séparément au fil des dix cartes postales que
composent l’album. Etonnant d’unité après avoir
dressé un tel panorama.
Après
Dividing Island, la réécoute de certains des albums récents
tentant de faire leurs l’un ou l’autre élément
glané dans les années 80 semble carrément vide de
sens. Lansing
Dreiden en a sucé la substantifique moelle et
ressorti un album efficace sorte de version musicale du
dictionnaire de la pop et de l’histoire de
la musique. Et
pour certains d’entre les auditeurs, comme votre
serviteur, une forme de clin d’œil à une jeunesse
depuis longtemps évanouie.
Denis
verloes
Tracklist:
01.
Dividing Island
02.Cement
to Stone
03.
A Line You Can Cross
04.
One for All
05.
Two Extremes
06.
Part of the Promise
07.
Our Next Breath
08.
Our Hour
09.
Symbol of Symmetry
10.
Dethroning the Optimyth
Durée :
36’ 48’’
Date
de sortie : 03 juillet 2006
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