Depuis
la nuit des temps ou presque, les groupes français ont
toujours été complexés par la pop qui sévissait de
l'autre côté de la Manche. La barrière de la langue
et un sentiment d'infériorité ont freiné des générations
qui n'ont accouché que des clowns yé-yé et d'un génie,
Serge Gainsbourg. Gainsbourg réussissait là où
tous les autres ont échoué parce que ce n'est pas de
la pop anglaise qu'il cherchait à faire. Plutôt que de
l'imiter, Gainsbourg la avant tout fantasmée et
fait rêver à l'inverse toute une frange de la scène
britannique sur une musique française qui n'avait
jamais existé en dehors de quelques disques de Gainsbourg.
Aux
côtés de groupes tels que Phoenix, Tahiti 80, les
Hushpuppies ou encore Benjamin Biolay, Diving
with Andy reprend à peu de choses près la même démarche
que cet illustre aîné. A savoir écrire en anglais des
chansons françaises et faire des compositions anglaises
à la française. Difficile de démêler les fils. Car
les deux versants de la pop lumineuse, claire, presque
naïve que distille Diving with Andy n'existent
pas. Ils sont intemporels, désuets et résolument
touchants de sincérités. Mais ni la perfide Albion, ni
la France ne peut vraiment revendiquer ce style hors de
tout, sauf du bon goût. Peut-être parce que le trio
vit à cheval sur la Manche entre Londres et Paris et
qu'il mélange sans vergogne Brian Wilson et Serge
Gainsbourg avec la simplicité et l'instantanéité
des Beatles. Et cela dès Andrew, le
morceau qui ouvre ce premier album d'un groupe entendu
précédemment sur la compilation CQFD des
Inrockuptibles. Les cordes et une guitare très
« surf music » donnent le ton assez
rapidement, entourant parfaitement la voix de velours de
Juliette Paquereau. Son timbre évoque tout de
suite des références flatteuses comme Keren Ann
(l'accent français en moins) mais surtout des voix plus
atlantistes avec du Fiona Apple par ci, un peu Beth
Orton par là avec des soupçons de Cat Power
(Balancing my head).
Derrière
elle, le duo que forment Rémy Galichet et Julien
Perraudeau tient les commandes de la musique avec
des arrangements illuminant chacune des compositions
atteignant même le stade de chef-d'oeuvre sur Wasted
Time avec en plus la voix jumelle du chanteur de Tahiti
80. Un
déluge de cordes inspiré qui tolère quelques éclairs
jazzy dans son ciel. Parfois cela sent un peu trop
l'album d'arrangeur génial fait pour une chanteuse à
la voix envoûtante. Mais la comparaison avec Benjamin
Biolay et ses femmes s'arrête heureusement bien
vite. Et Diving with Andy trouve aisaiment sa
place dans sa singularité au milieu de nombreuses références
pas vraiment encombrantes. Manderley et Where
does it lead sont là pour témoigner de
l'originalité du trio français. Et d'un réel talent
à découvrir.
Julien
DAMIEN
Tracklist
:
Andrew
Manderley
October
in May
Where
does it lead
Balancing
my head
Wasted
time
The
waltz
Feeling
insecure
Unsure
Dear
Wishing
I could taste
Durée
: 35'31
Date
de sortie
: 9 février 2006
Plus+
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