Will Sheff ne doit pas être un homme marrant. Voilà le
sentiment qui ressort après l’écoute de Down
the river of Golden Dreams, le nouvel album
des Okkervil River, groupe américain
originaire de la patrie de George Bush, père
et fils, dont Will Sheff est le songwriter
en chef.
Que de noirceur, que
d’amertumes disséminées ici et là, que
d’histoires d’amours déçues, d’amitiés
rompues. Un album d’une tristesse incroyable.
Bien loin des rêves dorés, ironiquement promis
dans le titre.
Au-delà de ce constat, il reste
néanmoins une réelle beauté et une vraie
consistance dans les textes, si noirs soient-ils.
On attendait avec un grand espoir l’auteur et/ou
le groupe qui saurait écrire de grands et beaux
textes, magistralement mis en musique. La question
ne se pose désormais plus, la réponse étant
devant vos yeux.
Sur 11 titres, le groupe emmené
par Will Sheff aligne son folk-rock de façon
assurée. De It Ends With A Fall
(l’histoire d’un amour déchu) au poignant et
magnifique The war criminal rises and speaks (et
l’histoire de ce soldat demandant un pardon qui
n’arrivera certainement jamais) en passant par The
velocity of saul at the time of his conversion (et
son refrain entraînant mais défaitiste) ou Seas
to far to reach (chanson qui clôt l’album,
un des morceaux phares du disque), les Okkervil
River emmènent l’auditeur dans un
tourbillon d’histoires plus noires les unes que
les autres, magistralement mis en musique, où
guitares folk côtoient harmonicas, banjos,
mandolines ou pianos.
Ainsi que l’âme de Bob Dylan – époque
Blonde On Blonde –
qui plane ici comme jamais
!
On dit souvent que les plus durs
albums à créer sont ceux qui émeuvent, qui
touchent l’auditeur de façon non putassière
mais réelle et sincère. Ce nouvel album des Okkervil
River fait partie de la deuxième catégorie.
Oui, disons le 100 fois, ce
nouvel album des Okkervil River est
une petite merveille, un de ces albums langoureux,
mélancolique, que l’on se surprend à vouloir
écouter en boucle, comme si la tristesse du monde
actuel n’était pas suffisante. Du pur
masochisme. Le plus bizarre dans tout cela est
sans doute l’état dans lequel on ressort après
l’écoute de ce Down the river of Golden
Dreams : le sourire aux lèvres,
conscients d’avoir eu droit, pendant quelques
minutes, un pur moment de grâce.
Olivier
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