musique

Elysian Fields - Dreams That Breathe Your Name
PIAS - 2003  

 

 

 

    Jennifer Charles est belle. De ces beautés froides et presque gothiques qu’on croyait disparues depuis le décès médiatique de la new-wave. Elysian Fields, le projet musical de Jennifer accompagnée de son Oren Bloedow de compagnon est beau. De ces beautés froides et presque gothiques qu’on croyait disparues depuis le décès médiatique de la new-wave .

 

    "En ces temps de musique pré-mâchée et jetable, Elysian Fields propose une alternative poétique" lira t-on dans d’autres colonnes qu’ici. Froideur, poésie, un poil de new-wave et teint blafard… sont bel et bien les caractéristiques de ce fraîchement émoulu Dreams that breathe your name Caractéristiques qu’on retrouve malheureusement sur de trop nombreux albums.

 

    Alors oui, le nouvel opus d’ Elysian Fields est bien construit. En élèves appliqués dotés d’un home-studio dans leur cuisine Jennifer et Oren nous ressortent un petit livre de recettes faciles de composition de pop-songs poétiques et musicales. Bien sous tous rapports. Mais pas franchement éclatant, un peu comme le copain qu’e l’on n’hésite pas à présenter à ses parents, mais qu’on emmènerait pas forcément n’importe où. On ne donnera donc que deux de nos si précieuses étoiles à cet album qui semble bien en demi-teinte, convenu, déjà entendu ailleurs sur les précédents albums du groupe, la magie de la découverte en moins. Et l’auditeur de craindre que la formule "beauté, froideur, poésie" finisse par laisser nos sens indifférents.

 

    Pour illustrer notre propos, nous citerons Stop the sun  où Elysian Fields parodie Elysian Fields, en laissant traîner la voix à la Cat power sur un air qui rappelle franchement Tori Amos.  Amos qu’on perçoit encore sur le titre Live for the touch. Citons aussi Baby get lost où Jennifer se mue en Lisa Germano et Oren en le tandem Burns/Convertino pour un titre qui se camouflerait sans encombre dans le projet OP8 des acteurs sus-mentionnés. Sur Timing is everything, énervé et rocker on croirait entendre Courtney love s’essayant à la reprise de PJ Harvey.  Comparaison pollyjeanienne qui se perpétue au long des Shrinking heads in the sunset et Scrach . Clôturons la petite encyclopédie du goth-rock et pop façon Elysian Fields sur le pastiché Passing on the stairs où les voix de Jennifer et Oren se répondent sur un gimmick batterie piano sans doute inspiré des chutes de studio des murder ballads de Nick Cave après le passage de Kylie Minogue dans Where the wild roses grow. Surprenant de mimétisme.

 

    Alors oui, l’Elysian Fields nouveau est une alternative… à la gravure. Vous êtes amateurs de Polly Jean, Elastica, Lisa Germano, Tori Amos, Elysian Fields ou Hole apaisé ? Achetez Dreams that breathe your name. En treize titres, la belle Jennifer et l’appliqué Oren nous livrent le best-of down-tempo des artistes cites ci-dessus ; le "Profil d’une œuvre" version musicale des albums des autres. Soit sept oeuvres pour le prix d’une. Sept écoutes en un seul CD. Gain de temps, d’argent et de probité !

 

    Et si la mission du groupe est d’apaiser et caresser nos esprits sollicités tous azimuts diront certains critiques, on ne pourra, nous, que regretter qu’ils s’y appliquent comme des premiers de la classe, sans génie, en décalquant les mots, la musique et les ambiances des autres. On espérait le duo plus imaginatif.

 

Denis