Ayé,
ils sont tous revenus ! Daniel Darc en précurseur, Denis
Jacno cet été, et Elli
Medeiros en septembre 2006. Soit environ tout ce que
la France musicale compta de punks crédibles. Et la
dernière à revenir, selon l’expression consacrée,
n’est pas
la moindre. Soit
Elli
quoi, la jeune femme née en
Uruguay, qui rencontra un jour ce fameux Jacno
et fut l’âme des Stinky
Toys. Ce groupe qui de 76 à 79 enflamma Londres et
l’esprit punk français du Palace et de Pacadis.
La même Elli
qui toujours en duo avec Jacno
monta le premier duo un peu hype des années 80, avant
de se reconvertir dans la pop biaisée de toi
mon toit et de a bailar
calipso qui renouait par ailleurs avec ses racines
hispano-américaines.
La
voici revenant au sortir d’ années 90 qui l’accaparèrent
à plein temps, en qualité de femme, d’apprentie
actrice, de fille en quête de son père et de mère de
famille comblée. La porte s’est ouverte pour le
retour assumé d’une icône du passé, compilant son
histoire personnelle autant que celle du rock et de la
pop en France. Et là où Jacno
s’est plus ou moins loupé, cet été, mettant en
avant son côté dandy classe et une presque parodie de
lui-même ; Elli
nous revient comme si de rien n’était. Comme si elle
n’avait pas entamé sa cinquantième année, comme si
le temps n’avait pas de prise sur son joli corps et
sur sa volonté d’en découdre avec
la musique. Comme
si elle n’avait jamais été quelqu’un d’autre
qu’une artiste boostée par l’adrénaline du glaviot
et du cri primaire que représente (parfois) l’art de
faire de la musique.
Et
quand il s’agit de faire de la musique, le salon d’Elli
est plutôt efficacement garni. La belle est entourée
par Etienne Daho,
l’homme au destin parallèle, le Rennais le plus
anglophile du monde ; celui qui en tous cas semble
le seul capable (avec Phoenix d’ailleurs cité en note de pochette de EM) d’amener les mélodies du rock et de la pop anglaise sur le
terrain du chant en français ou en espagnol. A coups de
brûlots punks, à force de pop distillant savamment les
racines hispaniques de Medeiros autant que le succès de toi mon toit ; ils dressent la cartographie d’un album aux mélodies
insidieuses et accrocheuses. Des mélodies qui sont
ensuite confiées au talent du metteur en son Dimitri
Tikovoï, récemment croisé sur l’album Meds
de Placebo.
L’homme apporte au disque son aptitude à aller
flirter avec le son du métal clinique un poil synthétique
et la chaleur organique du rock and roll des Stooges.
Que
les titres soient bruts de décoffrage, à l’instar du
soulève-moi
punk ou se jouant de la limite des genres tel Melancolia
ou Otomo mio
qui titille le répertoire world de Lhasa ;
EM fait continuellement mouche. On citera du coup Elli
Medeiros elle-même en source d’influence punk de
son propre album, mais on aurait pu aussi dire Siouxsie
et Iggy si les deux n’étaient ses contemporains. On évoquera aussi
les coups de clitoris rageurs d’une PJ
Harvey pour le son des titres plus « simplement »
rock ou le charme diaphane des mélodies d’une Nico
accompagnée du Velvet,
quand l’album s’aventure du côté de
la ballade. Punk
, pop, rock, ballade psyché et variété. L’album
donne un nouveau mètre étalon pour la musique de
filles en France, surtout quand Medeiros
se pique d’aller réactualiser son propre répertoire.
Elle adresse du même coup une solide estocade de
ringardise à des nénettes grunge style Courtney Love dont on se met à douter, après l’écoute
de EM,
qu’elles arrivent jamais à un tel niveau de classe.
Respect.
Denis
Verloes
Tracklist
01. Soulève-moi
02.
The alien
03.
Lonely lovers
04.
For you
05.
Altar
06.
More than me
07.
Melancolia
08.
L’ailleurs
09.
Otomo moi
10.
My hearts belongs to daddy (en duo avec Daho)
11.
La cruz
del
sur
Durée:
49’ 10’’
Date
de sortie: 18/09/2006
Plus+
Le
site officiel
Elli
sur myspace
Le
clip de soulève-moi
sur Youtube
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