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Il
est des albums qui laissent l'auditeur blessé et le
chroniqueur, chancelant, comme le boxeur après le
round. Ainsi l'album de Keny
Arkana. Elle dit missile
dans
la Machine
, on pense uppercut sous le menton.
Evacuons
ce qu'on n'aime pas : comme ça c'est fait. On a
beaucoup de mal avec une certaine tendance chez Because,
notamment, à pousser le rap brûlot sur le devant de la
scène, plus comme une pause marketing que comme un
hasard social.. Ce rap molotov qui chez Tandem
prenait la forme du 93
hardcore et chez Keny Arkana la rage, propulsée
single viral sur le net... Sans doute parce qu'on se
sent plutôt une âme pacifiante.
Pourtant
la rage et les malheurs de la môme du 13 parviennent à
passer outre notre barrière primaire. Parce qu'elle
possède un putain d'ego artistique, une personnalité
évidente, une cohérence de chaque instant. Et puis
aussi, (on sait que ça ne devrait pas influencer notre
analyse, et pourtant...) parce qu'à l'âge où les lycéennes
qui passent sous mes essonniennes fenêtres parlent de
beaux gosses et de ce con de prof de français, Keny
Arkana semble avoir déjà vécu mille vies :
traveleuse, clodo, tox, hp-iste, gardav'iste, Rémi sans
famille ou mère de famille, minorité culturelle, Black
blockeuse, Bonot, Manu
Chao et Besancenot. Au-delà des clichés on
est impressionné de la justesse avec laquelle elle évoque
les univers qu'elle aborde. On assiste, spectateur un
peu gêné que nos galères aient l'air si dérisoires
par comparaison, ou participant à un débat où la
partie adverse a le terme si juste qu'on n'arrive jamais
à objecter, même si nos thèses ne sont pas
concordantes.
Musicalement,
le rap éclectique d'Arkana
fait sienne la mode actuelle pour les musiques électrisées.
Sorte de Rage
against the machine à la française, les instrus
sont choisies du côté du cross over, et la voix juvénile
au flow mitrailleuse s'y intègre adéquatement.
Enfin,
là où l'ancien lettreux met genou en terre, c'est
lorsqu'il constate que le rap de la fille de Mars est
rudement bien écrit. Mais vraiment vraiment bien écrit.
Vocabulaire, allitérations, rimes, tout y est. Même la
musicalité du texte, qui fournit ici le gimmick de ses
phases. Sorte de François
Villon contemporain, on songe que son
frère humains qui après nous vivez à elle
s'appelle entre ciment et belle étoile. Il ne tiendrait qu'à nous on
l'enverrait direct dans les anthologies Lagarde et
Michard.
Après,
on peut encore dire qu'on aime pas son album, qu’ on a
pas forcément envie d'en faire un disque de chevet.
Certes. Il n'empêche qu'il impose le respect. Grand.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Entre Les Mots : Enfant De
La Terre
02.
Le Missile Suit Sa Lancée
03.
J'Viens D'L'Incendie
04.
Je Me Barre
05.
La Mère Des
Enfants Perdus
06.
Entre Les Lignes : Clouée Au Sol
07.
Eh Connard
08.
La Rage
09.
Le Fardeau
10.
Cueille Ta Vie
11.
Nettoyage Au Karcher
12.
Victoria
13.
Entre Les Mots : Du Local Au Global
14.
Jeunesse Du Monde
15.
Ils Ont Peur De
La Liberté
16.
Je Suis
La Solitaire
17.
Sans Terre D'Asile
18.
Entre Les Lignes : Une Goutte De Plus
19.
Prière
date
de sortie: Octobre 2006
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Keny
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