On
a hésité longtemps avant d’évoquer ici le nouvel
album de Fiona Apple, tant on a été estomaqué
de la manière dont cet opus, que nombre de fans de
musique connaissaient déjà via la rumeur du net, a
finalement vu le jour
six ans après le précédent, sous la bannière
de Sony. Petit rappel des faits présumés : Après
plusieurs années d’absence, et forte du succès
d’estime de son introductif Tidal paru en 1997,
Fiona Apple revient avec la maquette d’un
troisième album dans les bureaux de son label. Fin de
non recevoir d’Epic qui aurait dit-on jugé l’album
insuffisamment commercial. La rumeur bruisse et une pétition
circule pour que l’album proposé au label en 2003
voie le jour. Mieux, un ingrat / un petit malin décide
de jeter sur le net la première mouture de cet album
non fini. Nombre d’entre nous ont pu y entendre
notamment une
version plus
décharnée de extraordinary machine, plus brute,
plus proche des sensations et du vécu apparent de la
chanteuse.
Poussé
par la pression publique (ou s’agit-il d’un énorme
coup marketing orchestré depuis le début ?), Epic
décide de publier l’album. Mais pas l’album qui
tourne depuis quelque temps sur les réseaux P2P, non.
Une version confiée à la production de Mike
Elizondo connu pour son travail sur les hits FM de Dr
Dre, 50 Cent, Eminem. Miss Apple ne
fait apparemment aucun commentaire, heureuse sans doute
que son album arrive enfin massivement aux oreilles du
public. On ne saura sans doute jamais si Fiona,
crédite le traitement du son, plus arrondi, avec un peu
moins d’aspérité et d’angles provoqué par le
passage de Elizondo. Fin de l’affaire.
Toujours
est-il qu’on ne cautionnait pas la démarche intrusive
du label sur le travail de l’artiste et on se préparait
à boycotter l’album « re-paru officiellement ».
Oui mais, s’il est évident que le travail de
production a carrément lissé les contours d’un album
qui ailleurs aurait pu atteindre des cîmes de pop/jazz,
il n’en a pas fait non plus un disque calibré pour
les prods RNB de MTV. Certes, on navigue ici dans les
sphères sonores d’une Norah Jones plus dynamique, alors que Fiona Apple nous habituait jusque
là à la hargne d’une Tori Amos,
(voir
extraordinary
machine, version du net) pourtant,
force est de constater que la jeune femme parvient à dégager
son épine mélodique du jeu. Des titres comme extraordinary
machine, O’saillor ou please please
please, conservent leurs qualités originelles,
malgré les dégoulinades sonores des multiples
instruments en back up derrière le piano de la
chanteuse et les arrangements, (à ce titre la
comparaison avec l’album P2P-isable est une belle démonstration
pour comprendre le travail d’un producteur sur un
album).
On
se retrouve au final avec un bonne livraison de Fiona
Apple, oscillant entre titres qui s’écoutent
juste paisiblement, sur lesquels les arrangements
liquides sont un peu lénifiants et obligent à se
consoler par la voix toujours plus maîtrisée de son
interprète ; et vraies bonnes rengaines pop où on
oublie le travail sonore pour ne se concentrer que sur
le gimmicks et l’énergie de miss Apple. Et
l’ensemble est loin d’être désagréable. On évitera
juste de se rappeler « ce qui aurait pu être »
pour ne se concentrer que sur « ce qui est »
(publié, avec bonus DVD de 12 titres live, soit pour
faire oublier la re-masterisation, soit pour aguicher le
chaland déjà conquis par les version P2P)
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Extraordinary machine
02.
Get him back
03.
O'sailor
04.
Better version of me
05.
Tymps (the sick in the head song)
06.
Parting gift
07.
Window
08.
Oh well
09.
Please please please
10.
Red red red
11.
Not about love
12.
Waltz (better than fine)
DVD
:
Not
about love (video)
Extraordinary
machine (live at Club Largo)
River,
stay away from my door (live at Club Largo)
Paper
bag (live at Club Largo)
Fast
as you can (live at Club Largo)
You
belong to me (live at Club Largo)
Parting
gift (live at The Jazz Bakery)
Date
de sortie
: 17/10/2005
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