Tout
part d’une valse, de petites notes de piano, de
bourdonnement de violoncelle, Amon Tobin serait-il
revenu à la mélodie ? La rythmique entre en scène,
mélange de coups martelés et de glissements métalliques,
le son est connu, les arrangements aussi, mais
l’auteur de la médiocre BO du jeu Spinter cell semble avoir
abandonné la froideur des mondes virtuels pour se
replacer au centre d’un dispositif sonore reconstruit
et humanisé.
Foley
Room
s’appréhende d’un bloc. Pendant soixante minutes,
l’auditeur est immergé dans une profusion de sons,
d’ajouts, de descentes, de breaks, de distorsions qui
se télescopent et s’additionnent pour donner
naissance au meilleur album du maestro depuis… Bricolage. Amon
Tobin s’est intéressé au travail des bruiteurs,
la foley room est la pièce où sont enregistrés les
bruitages de film. Ustensiles de cuisine entrechoqués,
broyage des os d’un rat par un chat ou départ
tonitruant d’une moto, l’ingénieux brésilien
s’est amusé à confronter ces sons aux mélodies du
Kronos Quartet ou d’une harpe apaisante.
Il
n’est pas question ici d’extraire un single. Foley
room ressemble beaucoup de part sa capacité à nous
persuader de l’existence d’un monde dense et logique
à partir d’une structure explosée au dernier film de
David Lynch
(d’ailleurs, une rencontre des deux hommes pourraient
être intéressante). Inland empire ne souffrirait pas plus l’extraction d’images dans
le jeu commercial de la bande annonce. Sa non représentativité
évidente la mènerait directement à l’échec. Comme
à l’issue du film, le spectateur ressort de la salle
avec la certitude d’avoir compris sans pouvoir
expliquer clairement quoi et que cette compréhension ne
s’affinera qu’après de nouvelles projections, l’écoute
de Foley room
induit d’accepter les zones d’ombres et d’en
amorcer leurs réductions qu’au fil d’écoutes successives.
Que l’on rentre dans l’un ou dans l’autre de ces
univers (limités par les quatre murs d’une pièce
dans les deux cas), on en ressort qu’à la fin, ni
triste ni gai, mais ému et chamboulé, avec la réelle
impression d’avoir pénétré non pas la fadeur
frustrante d’une existence virtuelle mais la richesse
d’un empire onirique sans avoir recours aux
passerelles habituelles du sommeil ou de la drogue.
Cédric
Vigneault
PS :
L'album est
accompagné d'un documentaire en DVD
sur l'histoire et les coulisses de la réalisation de
cet album.
Tracklist
Bloodstone
Esther’s
Keep
your distance
Vanilla’s
the killer
Kitchen
sink
Horsefish
Foley
room
Big
furry head
Ever
falling
Always
Straight
psyche
At
the end of the day
Date
de sortie :
mars 2007
Plus+
www.amontobin.com
www.myspace.com/tobinamon
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