musique

Girls in Hawaii - From here to there   

Bang / Naïve – 2004

 

 

 

    Ils tournaient en Belgique depuis plusieurs mois. On les avait croisé au festival de Dour et à Lille en France, aux côtés de An Pierlé… Le « buzz » -comme disent les gens branchés-enflait. Signés en licence chez Naïve fin 2003 et forts d’un from here to there  dans les bacs hexagonaux le 4 février 2004 , il est temps de parler de cette formation bruxelloise, découverte en vainqueur de concours, fin 2002 sur les ondes de Studio Brussel - pendant néerlandophone de Radio 21, Oui FM ou Couleur 3.

 

    Le parcours de GIH tient un peu du miracle, quand on connaît les galères des tournées, des festivals et autres programmations de complaisance par lesquelles passent habituellement les groupes belges dits « espoirs » d’une catégorie pop-rock nationale. Inconnus en 2002, les voici plébiscités dans la catégorie outsider de 2004 par différents magazines tels Magic ou les Inrocks. Forcément, comme tous les groupes belges qui sont amenés à franchir le Quiévrain, la presse française s’est déjà empressée de les comparer à Deus, comme si le groupe anversois restait à jamais le porte étendard du royaume trilingue.

Alors, cette comparaison –qui se retrouve jusque sur le gros autocollant du disque commercialisé en Belgique- est-elle justifiée ? La célérité du groupe à briser les barrières est-elle digne d’intérêt ? Réponse question 1 : en partie seulement. Réponse question 2 : oui certainement !

 

    Enregistré en home studio à tête reposée, au fil de la fulgurante ascension de la formation ,  les compositions de GIH oscillent entre la pop très mélodique et rock plus péchu façon Sonic Youth ou Idlewild –autre référence mentionnée par les Inrocks, disposée sur le sticker qui barre la très épurée et champêtre pochette-.  Effectivement 9.00 a.m, plage d’ouverture de l’album, avec son intro faite de piaillements d’oiseaux,  bees & butterflies ou time to forgive the winter, rappellent Tom Barman et Deus ; mélodies évidentes relayées par un gimmick électrique et une voix à la limite du rauque chuchotement. Mais ne pourrait-on en dire autant de nombre de sorties à guitares parues récemment essentiellement hors de Belgique ? Très pop, l’écoute de short song for a short mind nous envoie d’ailleurs plutôt du côté des très sucrés Papas Fritas, à l’instar de l’intro de Casper. Plage qui invite ensuite Pinback et Teenage Fanclub à sa très bonne table, invitation ensuite relayée quelques titres plus loin,  sur un  parfait Fontanelle.

 

    Etonnamment, il n’est plus que très peu question de pop ni guillerette ni forcément  immédiate passé ce 4e titre :Casper.  Exit la pop  directe, le rock formaté, et en route pour les contrées plates, presque triste du rock rural ou du presque post rock (est-ce là la version musicale des images qu’ évoquent la quasi mélancolique pochette ?). Found in the ground est à ce titre éloquent : débuté à la guitare électro-accoustique puis servi par la voix limite timide, il faut attendre 1’ 20’’ pour qu’apparaisse la distorsion et que les backings viennent brouiller la netteté du chant. Un brouillard bruitiste qui s’achève sur quelques notes de piano ad libitum. Ce même brouillard se lève ensuite sur un ship on the sea qui évoque les parties instrumentales des plus si pop Blur, époque trailer. Une composante musicale brumeuse mâtinée de post rock parfois plus lourd qui nous accompagne sur la suite de l’album; vagues aveugles qui échaffaudent aussi les plans musicaux de The fog, le bien nommé. Une ambiance générale qui ne quittera plus l’auditeur que le temps des presque folk bees & butterflies et le final en descente : catwalk, annoncés par le mélangé flavor et le radouci Organeum.

 

    GIH étale sans  morgue ni cliché sa connaissance du rock et de la pop contemporains, de Belgique et du monde. Une connaissance qu’ils digèrent plus qu’ils ne la recopient. Un voyage progressif fait de subtils mélanges de voix caressantes et de compositions évoluant crescendo vers la nappe rock plus chargée. Un album qui ne néglige pas non plus les hymnes pop comme les aiment les radio FM et les chroniqueurs de presse musicale. Un album dès lors très complet, taillé pour la route, qui devrait rejoindre Vertigone de Venus dans les hit parade des chroniques louangeuses et des ventes des magasins spécialisés pop rock indépendants en 2004. Susceptible de plaire aux amateurs de différents courants de musique à guitare, l’album trace son sillon original en se servant de différents arguments glanés de ci- de là- au fil du façonnement de la culture musicale des membres du groupe. Un début plus que prometteur pour GIH et un album qui rentre en fanfare dans ma playlist pour 2004. Peut-être n’est-il pas encore trop tard pour faire un beau cadeau de Noël ?

 

Denis