musique

The tears - Here come the tears

Independiente/V2 

[3.0]

 

 

    The tears sur le papier c’était une super bonne idée. Remettre ensemble les deux fortes têtes qu’on disait brouillées depuis facilement une décennie. Brett Anderson le chanteur caractériel qui voue un culte à Bowie et a une voix immédiatement identifiable, entre masculinité et féminité ; le parolier romantique qui a contribué à redonner les lettres de noblesse à la brit-pop dans le courant des années 90… Et le perfectionniste Bernard Butler, qu’on dit obsédé par le son parfait, celui qui a plaqué des rifs de génie sur Animal nitrate et Animal Lover, et participé à la superbe ballade She’s not dead entre autres… avant de claquer la porte, en froid avec Brett et céder sa place de guitariste dans Suede à un bellâtre de 18 ans. Un Suede qui s’est étiolé sur au moins deux albums de trop (pour les fans de la première heure) et n’a jamais retrouvé la flamboyance guitaristique des deux et géniaux premiers opus.

 

    En pratique la réunion est une bonne chose. Le binôme retrouve ses marques, comme s’il revenait au domicile conjugal. Les compositions de Butler font la part belle à la guitare solo triturée qui s’échappe régulièrement de son alter ego rythmique pour aller trouver des notes virtuoses hors des sentiers battus. Un son de guitare qui se dispute l’avant scène avec une batterie plutôt simple et presque métallique qui martèle le rythme sans le bourriner. On retrouve le son du Suede des premiers opus, chargé mais sans surcharge, traité dans les aigues, mais sans exagération. On se rappelle avec une larme, comment Brett ondulait de son grand corps maigre sur le lit musical de Butler et comment il clapait des mains sur ces perles de rythmes...

 

    La voix d’ Anderson est traitée comme un instrument, un véhicule de la musique, comme au bon vieux temps. Elle reste capable d’aller taper dans les sons caverneux (mise en évidence par une réverb’ caractéristique) puis de monter dans les aiguës et fait d’autant plus mouche que la musique lui a laissé une place de choix dans cette construction qu’est Here come the tears. Ajoutons au cocktail que Anderson est avec Jarvis Cocker le seul auteur capable en Angleterre de transcender le quotidien et faire de la trivialité de nos petites villes des petites perles poétiques et ici romantiques…

 

    Pourtant… La seule chose qui fait réellement défaut à ce nouveau Suede euh The tears, c’est définitivement le gimmick ou la mélodie imparable. Quand on regarde la discographie commune du duo, on ne peut que constater que la grande force de leur travail en commun c’était d’aligner les mélodies pop rock esthètes, comme d’autres enfilent les perles. Et force est de constater qu’hormis Refugees ou Lovers surtout, Brave new Century, Apollo 13 sans doute, Here come manque cruellement des hits que nous, fans de la première heure sommes en droit d’espérer de ce re-mariage. Dommage. Vraiment dommage, parce qu’on ne retiendra pas cet album au panthéon des albums qui marquent.

 

    Pour résumer The tears, c’est un peu comme si Butler/Anderson essayaient de refaire à deux le style du Suede des derniers opus (vendeurs ?) apaisés, calmes, romantiques, en y insufflant le jeu de guitare des premiers albums et deux, trois bombes pop qui fleurent bon la nostalgie. Ce genre de compromis donne de demi bons albums. Et Here come the tears en est la preuve.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01 Lovers

02 Autograph

03 Co-Star

04 Imperfection

05 The Ghost Of You

06 Two Creatures

07 Lovers

08 Fallen Idol

09 Brave New Century

10 Beautiful Pain

11 The Asylum

12 Apollo13

13 Love As Strong As Death

 

Durée : 53’ 00’’

Date de sortie : juin 2005

 

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www.thetears.org