Immense
- Hidden
Between Sleeves
1/2
Fierce
Panda/chronowax
- 2004
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Il est des groupes dont on aimerait que le patronyme
soit l’auspice de son futur succès. Ainsi Immense,
avec son surnom un peu mégalo… On aimerait bien
entendre qu’avec ce second album, les cinq
Bristoliens arrivent à un succès au moins aussi
grand que le nom du groupe le laisse supposer. Et
franchement, ils le mériteraient.
En musique moderne, il n’est pas rare qu’une
production discographique vienne s’intégrer plus ou
moins adéquatement dans un style ou une obédience. Une
« niche » comme disent nos amis du
marketing. Au fil des mois, de nombreux albums viennent
grossir les rangs des variations « pour les fans »,
autour d’un même thème. Au final on serait presque
tenté de se représenter que l’originalité
n’existe plus et que le mérite revient à un pionnier
par genre, auquel de nombreux suiveurs emboîtent le
pas. Et puis… Et puis, épisodiquement, apparaissent
des albums comme hidden between sleeves.
Des « albums somme », qui
pourraient donner des leçons à bien des autres. Des
albums qui ne
prétendent pas révolutionner l’histoire de la
musique mais qui parviennent, en piochant des ingrédients
multiples glanés dans différents styles, à estomaquer
l’auditeur perdu au jeu des similitudes.
Le plus simple pour évoquer hidden between sleeves serait
de parler de cross-over entre le post-rock façon Hood
ou Godspeed, l’électronica teintée de psychédélisme
façon Archive, et le folk syd barrettien
de Syd Matters . Excusez du peu.
Mais la plus efficace des comparaisons serait à
priori à chercher dans n’importe quel tableau
impressionniste et romantique. Car plus qu’aucune
influence musicale spécifique,
c’est dans un univers pictural que nous convie Immense.
Ici, tous le morceaux débutent en délimitant les
points cardinaux d’une atmosphère: que ce soit au
moyen de petites touches de pinceaux sonores, par le
truchement d’une guitare acoustique, d’un clavier
pysché ou d’une voix à la limite du bris. Ici tout
contribue à élargir une palette musicale faite de mélancolie,
de paysages désolés et de mélanges entre les genres.
Ici surtout, on se retrouve devant un album dont on
connaît toutes les composantes auditives, mais dont on
se rend compte assez vite, qu’on n’a encore jamais
entendu ces différents ingrédients mélangés ensemble
au sein d’un nouveau met sonore. Une toile à
l’huile, aux tendances panoramiques. Les arpèges de
guitare sont relayés par le bidouillage électronique,
la guitare acoustique fait écho à la nappe de clavier.
Le clavier est relayé par une gratte munie d’une pédale
de distorsion. La distorsion se perd dans une batterie
qui s’agite progressivement, et ne s’arrête plus.
Le but est beau et simple. Il s’agit d’emmener
l’auditeur dans un périple crescendo, et qui trace
son chemin au travers du cœur. Celui de l’artiste
comme celui de l’auditeur.
Je laisse là la chronique d’un album que j’ai
beaucoup de mal à décrire, mais que je conseille
ardemment d’écouter . Un album un peu visionnaire
sans doute. Un peu trop en avance peut-être.
Aujourd’hui, on peut encore passer à côté de ce
chef-d’œuvre, et se dire qu’on y voit qu’une énième
resucée du post rock à voix. Demain, quand de nombreux
artistes se revendiqueront du travail d’Immense, quand
on se sera rendu compte de la nouveauté de pareil cross
over ; au moins, vous ne pourrez pas dire qu’ici
à Benzine, on ne vous avait pas prévenu. Bonne écoute !
Denis
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