Avec
cette 5ème référence, et sans pour autant
changer son fusil d’épaule, le label belge Stilll
continue de varier les plaisirs, tout en se souciant de
conserver celui de l’auditeur intact.
Après
les superbes étendues oniriques et manipulées d’Off
the sky, les chansons spleenétiques et touchantes
sous inspiration Hood / Mark Hollis des lyonnais
d’Immune, place à ce quintet originaire de
Stockholm, Holiday for strings, dont la musique a
quelque chose de déstabilisant, en ce sens que les
points de repère n’ont rien d’évident. Et c’est
très bien comme ça.
Il
est vrai que si on nous avait annoncé que HFS déboulait
du Canada, on aurait gobé le mensonge sans retenue, car
ce groupe empiète parfois sur les terres libres et
mouvantes foulées par des formations passionnantes
telles que KC Accidental ou Do Make Say Think
(le mastering est d’ailleurs signé Harris Newman,
habitué de la galaxie Constellation). On y
retrouve cette volonté d’extirper des guitares un
vaste panel de sonorités, de tisser des motifs mélodiques
tournoyant et conversant de manière fusionnelle avec
une section rythmique d’une efficacité implacable et
d’une sobriété exemplaire, cette façon
d’incruster avec parcimonie quelques samples et
effets.
Mais
contrairement aux 2 groupes sus-mentionnés, HFS
adopte une attitude plus (post-)pop (qui tendrait alors
à les rapprocher d’un Broken Social Scene
apaisé et retenu, notamment sur Touch the tiger),
ne serait-ce que de part le recours au chant (souvent à
deux doigts de la psalmodie, à moins qu’il ne soit
numériquement détourné, le temps d’une escale à Brest).
HFS fait également preuve d’un sens du dépouillement
et du groove très prononcé, lequel dérive vers un
exotisme presque latino-américain sur I got two
hands, ralentit la cadence le temps d’un Pain
au chocolat aux vertus euphorisantes, ou au
contraire accélère le pas sur l’entêtant et entraînant
Jump on foot, qui nous procure cette agréable
sensation d’avoir une paire de ressorts greffés sous
les pieds.
Pas
du genre tape-à-l’œil, avec un certain sens de l’économie,
un peu à l’image de cet élégant digipack signé Hans
Seeger (Pulseprogramming), Holiday for
strings signe là une belle petite réussite.
Sébastien
Radiguet
Tracklist
:
Three
laps
Touch
the tiger
Brest
I
got two hands
Pain
au chocolat
Hotel
Jump
on foot
Durée
: 41’53
Date
de sortie
:
mai 2006
Plus+
Stilll
Holiday
for strings
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