La
légende d’Ibrahim Ferrer est connue : oublié pendant quarante ans
par la culture officielle cubaine, Ibrahim Ferrer est
sortie de sa vie de cireur de chaussure par le projet
conjoint de Ry
Cooder et de l’excellent label World
Circuit de remettre à la lumière des musiciens et
chanteurs talentueux du son, musique traditionnelle de
l’île. Ce sera d’abord l’Afrocuban all star puis
la désormais mythique formation du Buena
Vista Social Club qui sera à l’origine d’un
film de Wim Wenders et de tournées mondiales
enthousiastes.
Est
venue ensuite l’heure des albums solos. Certains nés
d’un opportunisme légitime, et d’autres avec une réelle
ambition artistique comme le contre bassiste Cachaïto Lopez ou le guitariste Manuel Galban. Ibrahim Ferrer rentre dans cette deuxième catégorie.
Après deux albums honorables, Ferrer s’était promis
un album uniquement composé de boléros,
malheureusement, il s’éteindra peu avant la fin des
sessions. World Circuit avec l’accord de sa femme
Cachin et le soutien des musiciens réalisent son rêve
à titre posthume en sortant Mi
Sueño.
Si
dès les premiers morceaux, on constate une altération
de la voix (la maladie ? l’âge ?), le
chanteur cubain entouré de ses collègues du Buenavista
(Galban, « Guajiro »
Mirabal, « Cachaïto » lopez, del
Monte…) nous livre un beau moment de fraicheur et
d’apaisement. On ne trouvera rien d’autre ici que
des boléros, style langoureux et romantique par
excellence. L’album est moins festif que Buenos
hermanos ou son premier album solo mais il offre un
nouveau rendez-vous avec ces popstars cubaines
(rappelons la participation mémorable de Ferrer sur le
projet Gorillaz) du Buena vista : Omara
Portuondo l’accompagne sur Quizás
quizás et Ruben
Gonzalez apporte son doigté sur une de ses
compositions Mélodía
del Río (present sur Introducing…
son premier album) enregistrée en 1998.
Mais
avant tout, il s’agit de la voix d’Ibrahim
Ferrer qui apporte, une fois de plus, toute l’humanité et la
tendresse nécessaires au genre (« Dulce emoción
eternizar nuestro amor »). Sur Dos
almas ou Deuda,
il se laisse aller à quelques improvisations bien
senties. « Ven regálame ese instante que me hará
sentir feliz » , paroles extraites de Mélodía
del Río que l’on a envie de lui retourner.
Cédric
Vigneault
Tracklist
Dos
almas
Si
te contara
Melodía
del río
Cada
noche un amor
Deuda
Uno
Convergencia
Quiéreme
mucho
Perfidia
Copla
guajira
Quizás.
Quizás
Alma
libre
Durée
: 46’35
Date
de sortie : mars 2007
Plus+
www.worldcircuit.co.uk
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