On
n’aborde pas le répertoire de Merrill
Nisker avec la naïveté musicale qui nous caractérise
habituellement. C’est qu’autant que musicienne la
dame incarne beaucoup de préceptes finalement assez éloignés
de strictes préoccupations musicales. Productrice,
cette Canadienne fut longtemps un des porte-drapeaux de
l’écurie stylée Kitty-yo et souvent repérée dans
les parages de Chilly
Gonzales… « so barré ». Puis vint Teaches
of Peaches, un premier album qui la propulsa dans le
rang des personnalités vraiment connues du petit monde
de l’indé. Le minimalisme de ses productions, tout
berlinois, croisé avec le trash des Sex
Pistols (le coup marketing compris), le sex appeal
d’une Shirley
Manson de Garbage et le discours girl rrrriot trouva au début des années
2000 un terrain d’entente fécond, avec le public. Il
n’en fallait pas beaucoup plus, ah si peut-être des
shows réputés doux dingues et une fréquentation
assidue des faiseurs d’art contemporain, pour en faire
une des icônes de la scène électro des années 2000.
Sur
Fatherfucker, son second opus, elle perpétuait la formule Girl
+clitoris libéré+punk mais gonflait la production et y
insufflait un gros hard rock qui tache : bluffant.
Sur ce troisième opus, elle revient à un certain
minimalisme de composition, mais très bien produit.
Elle y explore plus profondément son côté rock punk ;
ou glam mais alors dans une acception proche de celle
que pouvait en avoir The
New York Dolls. Un truc brutal mais si smart… Elle
use, pour ce faire, de son carnet d’adresses complices
ou complaisantes : Feist, Joan Jett Josh Homme, et Samantha Maloney (ex-hole
ntt) viennent y pousser qui la chansonnette rauque, qui
le gratté qui a fait sa légende, qui le jeu de
baguettes vitupérant.
Le
résultat sonne vite, direct, sans concession quoique,
il faut l’avouer, un peu moins efficace que ses précédents
opus… Des albums qui tenaient beaucoup, pour qui
n’est pas inconditionnel de la miss, par la surprise
de voir une jeune fille plus punk que tous les rockeurs
à la manque réunis (donc aussi avec une part de
marketing, qui a toujours fait partie de l’esthétique
du punk), balançant des lyrics qui auraient été taxés
de machisme vulgaire, insupportable et salace s’ils
avaient été prononcés par Liam
Gallagher ou Eminem.
Peaches « l’électronique » rock ici
mieux que n’importe quel bataillon de groupe en the.
Son album fonce tête baissée vers le (no)futur, avant
que la mort ne nous fauche, mélangeant bonant malant le
meilleur et le plus gras des notre jeunesse eighties où
l’on croisait aussi bien
Trust qu’Europe.
Merrill
Nisker quant à elle peut être rassurée.
Avec son image de Missy
Elliott de l’électro et son album bien dans
l’air du temps, -même si nous nous prenons à penser
que ça y est, c’en
est fini de l’effet de surprise-
gageons qu’on entendra impeach
my bush dans les soirées hype de la capitale, que
des attachées de dépresse ne manqueront pas de
souligner : « j’adore cette meuf, elle m’éclate.
Tu sais qu’elle a rameuté un paquet de gens hein pour
cet album… » et qu’il nous suivra jusqu’à
la boucle matinale de FG. Et franchement, c’est tout
le mal qu’on lui souhaite. Parce que qu’on l’adule
ou qu’on le décrie, on ne voit vraiment pas à qui
d’autre que lui-même on peut comparer le phénomène Peaches.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Fuck Or Kill
02.
Tent In Your Pants
03.
Hit It Hard
04.
Boys Wanna Be Her
05.
Downtown
06.
Two Guys (For Every Girl)
07.
Rock The Shocker
08.
You Love It
09.
Slippery Dick
10.
Get It
11.
Give Er
12.
Do Ya
13.
Stick It To The Pimp
Date
de sortie : 23/05/2006
Durée :
41’
10’’
Plus+
Impeach
my Bush en live sur Youtube
Le
site officiel
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