musique

Peaches - Impeach My Bush

XL – Beggars/Naïve

[3.0]

 

 

On n’aborde pas le répertoire de Merrill Nisker avec la naïveté musicale qui nous caractérise habituellement. C’est qu’autant que musicienne la dame incarne beaucoup de préceptes finalement assez éloignés de strictes préoccupations musicales. Productrice, cette Canadienne fut longtemps un des porte-drapeaux de l’écurie stylée Kitty-yo et souvent repérée dans les parages de Chilly Gonzales… « so barré ». Puis vint Teaches of Peaches, un premier album qui la propulsa dans le rang des personnalités vraiment connues du petit monde de l’indé. Le minimalisme de ses productions, tout berlinois, croisé avec le trash des Sex Pistols (le coup marketing compris), le sex appeal d’une Shirley Manson de Garbage et le discours girl rrrriot trouva au début des années 2000 un terrain d’entente fécond, avec le public. Il n’en fallait pas beaucoup plus, ah si peut-être des shows réputés doux dingues et une fréquentation assidue des faiseurs d’art contemporain, pour en faire une des icônes de la scène électro des années 2000.

 

Sur Fatherfucker, son second opus, elle perpétuait la formule Girl +clitoris libéré+punk mais gonflait la production et y insufflait un gros hard rock qui tache : bluffant. Sur ce troisième opus, elle revient à un certain minimalisme de composition, mais très bien produit. Elle y explore plus profondément son côté rock punk ; ou glam mais alors dans une acception proche de celle que pouvait en avoir The New York Dolls. Un truc brutal mais si smart… Elle use, pour ce faire, de son carnet d’adresses complices ou complaisantes : Feist, Joan Jett Josh Homme, et Samantha Maloney (ex-hole ntt) viennent y pousser qui la chansonnette rauque, qui le gratté qui a fait sa légende, qui le jeu de baguettes vitupérant.

 

Le résultat sonne vite, direct, sans concession quoique, il faut l’avouer, un peu moins efficace que ses précédents opus… Des albums qui tenaient beaucoup, pour qui n’est pas inconditionnel de la miss, par la surprise de voir une jeune fille plus punk que tous les rockeurs à la manque réunis (donc aussi avec une part de marketing, qui a toujours fait partie de l’esthétique du punk), balançant des lyrics qui auraient été taxés de machisme vulgaire, insupportable et salace s’ils avaient été prononcés par Liam Gallagher ou  Eminem. Peaches « l’électronique » rock ici mieux que n’importe quel bataillon de groupe en the. Son album fonce tête baissée vers le (no)futur, avant que la mort ne nous fauche, mélangeant bonant malant le meilleur et le plus gras des notre jeunesse eighties où l’on croisait aussi bien Trust qu’Europe.

 

Merrill Nisker quant à elle peut être rassurée. Avec son image de Missy Elliott de l’électro et son album bien dans l’air du temps, -même si nous nous prenons à penser que ça y est,  c’en est fini de l’effet de surprise-  gageons qu’on entendra impeach my bush dans les soirées hype de la capitale, que des attachées de dépresse ne manqueront pas de souligner : « j’adore cette meuf, elle m’éclate. Tu sais qu’elle a rameuté un paquet de gens hein pour cet album… » et qu’il nous suivra jusqu’à la boucle matinale de FG. Et franchement, c’est tout le mal qu’on lui souhaite. Parce que qu’on l’adule ou qu’on le décrie, on ne voit vraiment pas à qui d’autre que lui-même on peut comparer le phénomène Peaches.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Fuck Or Kill

02. Tent In Your Pants

03. Hit It Hard

04. Boys Wanna Be Her

05. Downtown

06. Two Guys (For Every Girl)

07. Rock The Shocker

08. You Love It

09. Slippery Dick

10. Get It

11. Give Er

12. Do Ya

13. Stick It To The Pimp 

 

Date de sortie : 23/05/2006

Durée : 41’ 10’’

 

Plus+

Impeach my Bush en live sur Youtube

Le site officiel

L’espace Myspace