Le
second opus des huit Suédois The Concretes a fait les
beaux jours de la fin du printemps 2006, dans nombre de
nos magazines musicaux préférés. En fait c’est vrai
qu’ils cumulent beaucoup d’éléments susceptibles
de faire parler un chroniqueur. D’abord parce qu’il
s’agit d’un second album et non d’un groupe émergent.
Bon c’est sûr le premier album, on ne l’a un peu
zappé à l’époque, du coup il est de bon ton de
faire mousser le second en précisant qu’on connaît
bien le premier. Ensuite il s’agit d’un octuor.
Depuis Arcade
Fire ou Godspeed
you black emperor, on sait que la presse
s’enflamme pour toute formation rock élargissant diamétralement
son "son" par l’ajout de musiciens
additionnels (parait même que les Concretes
sur scène, ça se compte sur les doigts de trois
mains). Puis ce sont majoritairement des filles qu’on
entend derrière le micro: Victoria
Bergsman (chant), Maria
Eriksson (guitare), Lisa
Millberg (batterie). De grandes et longilignes Suédoises
qui escamoteraient presque leurs comparses : Martin
Hansson, Ulrik Karlsson, Per Nystrom, Ludvig Rylander
et Daniel Varjo. Le groupe partage par ailleurs une esthétique toute
nordique, où les bas nylons sont vermillons et assortis
aux vestes des garçons un peu vintage.
Enfin, l’album est enregistré entre Stockholm et
Omaha par le ressortissant du Nebraska Mike
Mogis dont la presse a précédemment loué, et à
juste titre, le travail de production sur les albums de Bright
Eyes).
Alors
groupe pour chroniqueurs me direz-vous ? Assurément !
Mais ne passons pas trop vite notre chemin de ce
« béton » (= Concretes) armé par trois
filles fans de pop. Parce que l’album est peaufiné et
carrément bon. On y retrouve ce qui, de Kings
of Convenience aux Cardigans,
nous étonne et nous charme parfois à l’écoute des
albums en provenance du nord de l’Europe : cette
propension à fournir des albums au son lissé,
brillant, net jusqu’à la moindre fréquence et à la
moindre prise de son. Des albums qui peinent parfois un
peu aussi à nous atteindre immédiatement. Des albums
qui doivent du coup s’attaquer d’abord à nos
cerveaux avant d’atteindre finalement le cœur (et
certains échouent d’ailleurs à cet exercice).
Ici
cette production semble ultra adéquate, tant elle
permet de détailler chacun des adjuvants musicaux
convoqués à l’exercice. Le duo basse/ batterie, un
peu en retrait distille sa métronomique pop sixties
vitaminée sans effet de style mais tout en efficacité.
Le piano résonne, les cordes lorgnent vers la country,
les cuivres donnent de la voix comme dans ces shows télé
de notre jeunesse, où Michel
Drucker avait encore un micro avec un fil. Ces
instruments soutiennent sans interférer une guitare féminine
souvent distordue et agressive, sans doute abreuvée au Jesus
and Mary Chain ; mais aussi à l’aise quand
il s’agit de faire sonner l’arpège folk.
Sur ce lit musical bordé de draps de satin (où on
repère quelques additionnels de soutien :
harmonica, orgue…), les trois voix féminines se
placent en lead ou en tierce et fournissent une
charmante ligne mélodique, riche variée et un brin éthérée,
qui doit autant à l’americana qu’à la northern
soul, aux disques country de mon daron qu’à Cat
Power, à Stereolab qu’aux Andrews
Sisters, aux hippies et Simon
and Garfunkel qu’aux volontés adolescentes des Cardigans.
Hivernales,
froides, douces et légèrement mélancoliques, les
petites pièces d’orfèvrerie concoctées par The Concretes sont un contre-pied à la canicule de l’été 2006.
Et l’album, un compagnon agréable pour les après-midi
à buller au salon, volets tirés sur un soleil de
plomb, un verre de rouge (comme les collants des filles)
à
la main. Charmant
et presque enchanteur.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
On The Radio
02.
Sunbeams
03.
Change In The Weather
04.
Chosen One
05.
Your Call
06.
Fiction
07.
Tomorrow
08.
As Four
09.
Grey Days
10.
A Way
Of Life
11.
Ooh La La
12.
Song For The Songs
Durée
: 45’10’
Date
de sortie
: 18/04/2006
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