On
a découvert la carrière solo de James
Lavalle à peu près comme tout le monde, en 2004,
avec la sortie du premier album "européen" de
ce natif de San Diego. Dans
in a safe place de The
album leaf, le bonhomme
qui émargeait jusque là à la feuille de match
des groupes Tristeza
et The black
heart procession s’émancipait de son rock
originel. Il prouvait par ailleurs, dans une époque où
le retour de bâton
de la "mode" s'était déjà largement
fait sentir pour le courant électronique; qu'on pouvait
encore publier des albums dits "électros"
dont la pertinence et l'atmosphère étaient pourtant
originales, métissées, inédites et capables d'aller
rivaliser au sommet des productions de l'année.
The album leaf
cherchait à atteindre la majesté, à coup de mélancolie
énergique, de pastel gris, d'encre de Chine électronique
"chillante" et de construction à tiroirs.
Sorte de chaînon manquant entre l'électro et le post
rock de, pour friser la tautologie,
Black heart procession justement. Ou de la frange mélodramatique,
mais pas chiante, de cette typologie musicale.
Alors
pourquoi commencer la chronique d'into
the blue again en évoquant un album, et une
chronique, précédente? Et bien parce qu'hormis la
surprise, qui s'émousse un poil, mais vraiment un poil;
ce nouvel opus reprend les choses là où son prédécesseur
les avait laissées.
Lavalle
continue l'entreprise initiée en 2004: marier techno et
post rock, en y instillant de manière ici encore plus
flagrante la pop music à refrain, et les grandes toiles
du rock instrumental. Pour s'y prendre, il peaufine les
parties chantées,
s'accorde une plus large part du travail final,
mais se refuse à changer tout à fait une formule,
jusque là gagnante.
L'album
est, du coup, une fois encore travaillé en compagnie de
Jon Thor
Birgisson pour
un mixage clinique réalisé en Islande dans les studios
de Sigur Ros; tandis
que Pall Jenkins de
The black heart procession, signe ici un titre et
ses backing vocals. Autant d'éléments du passé qui
sont une forme d'adoubement et d'aura de sympathie.
Parce que tout en restant sur des bases déjà jalonnées
précédemment il parvient, et là est la gageure, à se
renouveler à l’identique, comme un élargissement
d’un univers qui n’aurait été qu’entr’aperçu
jusque là.
Un
album où Lavalle, bien que visiblement en quête d'indépendance, se retrouve
dès lors tel qu'en lui-même et pourtant sans
redondance, pour un un album triste mais électro-pop.
Un disque à l'excellence duquel on retranche juste la
dose de surprise supplémentaire que procurait in
a safe place. Mais un album qui reste malgré cette
baisse de suspens un must certain de cet hiver 2006/
2007.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
The Light
02.
Always For You
03.
Shine
04.
Writings On The Wall
05.
Red Eye
06.
See In You
07.
Into The Sea
08.
Wherever I Go
09.
Wishful Thinking
10.
Broken Arrow
Date
de sortie : septembre 2006
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