The
Kat Cosm - Knightboat
1/2
Staubgold/La
baleine - 2003
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Franchement, tout le monde se moque de moi quand je dis
« cet album là c’est un super album du soir »
ou « ça c’est un album de samedi avant de
sortir!»
C’est
juste qu’ils s’intègrent adéquatement dans une
ambiance, une période, une humeur… Au delà de l’ambient
stricto sensu, nombre de disques sont ainsi devenus mes
partenaires de moments privilégiés: que de mieux
qu’un FSOL pour s’endormir paisiblement, Spain
pour les moments de mélancolie, Disintegration
des Cure pour les prostrations tristes, ou Stereolab
et son emperor tomato ketchup pour se préparer
à une soirée où on ne connaîtra pas forcément tout
le monde. Avec
Knightboat j’ai résolument trouvé un album de
dimanche matin. Un album de musique de chambre, dans
tous les sens du terme, façon 2003.
A écouter au réveil en douceur, quand on émerge
d’un sommeil sans contrainte.
Un album foncièrement romantique, un brin torturé et
spleenique, mais jamais désespéré. Tout commence avec
une pochette Lamartinienne. Un homme entre deux âges y
réfléchit au temps qui passe et ne suspend jamais son
vol, sur fond de lac impassible. La peinture est à
l’huile et ajoute à la beauté de ce mini album fait
de 5 titres et trois remixes du titre d’ouverture. Un
peinture à l’huile qui donne le ton de cet album fait
d’un subtil mélange de pop, de folk et d’électronica
feutrée. Sebastian
Skalei
et Jana Plewa,
berlinois, nous
délivrent leur vision du cool. Knightboat, titre
de l’album et plage d’ouverture, est servi par une
guitare électrique chaleureuse qui erre le long des
berges, quelques bidouillages d’orgue en notes
spasmodiques et une rythmique inspirée par la drum'n'bass
en nappe sous-jacente titillante. La voix de Skalei
musarde au soleil pour
un titre faussement calme. Sur my letter of fate /write
for you tonight Jana prend
les commandes, et c’est au son d’un seul piano
qu’elle poursuit notre champêtre réveil en une déclaration
d’amour toute emprunte de sentiments retenus. Hotgirl,
titre acoustique est servi par un arpège de guitare
simple, dépouillé, tout en timidité sincère, et par
quelques apparitions réminiscentes d’une guitare
disto en fond lointain et sonore. Circle / A little
western, présenté comme une démo,
suit la promenade précieuse et sans
amplification. Étonnement, chanté par le seul Sebastian
assis au piano, il forme l’écho parfait et symétrique
au conte de Jana deux titres plus tôt et clôt les créations du duo pour le disque.
Touchant de douceur, de justesse et de charme.
Mais, en parfait album du dimanche matin, les remixes
arrivent qui viennent durcir le ton et réveiller
totalement votre serviteur pris d’une envie croissante
d’aller préparer le petit déjeuner. Leafcutter John prend
les manettes d’un remix de Knightboat, très
sombre et progressivement pêchu, où la voix est un matériau
sonique comme un autre, en intrigante litanie. Il
saupoudre cette déconstruction d’un beat proche
d’une jungle pas trop véloce, de bleep façon ‘90s
intelligent techno et d’un clavier à l’ancienne,
qui provoque l’envie de bouger.
Ten Ecke de Calla, ne retient quant
à lui pour sa relecture, que le côté angoissant et
sombre du morceau. Une nappe forestère boucle sur le chœur
féminin et de sombres clochettes n’en finissent pas
de tintinnabuler, avant qu’une guitare poussée en
disto, comme jouée derrière une porte, ne donne la réplique
à une batterie filtrée et de subreptices apparitions
d’harmonica. Définitivement
le ton est monté d’un cran, et le café fume sur la
table du salon. Il n’en faut pas plus à Mondomarc pour
tirer l’exercice du remix du côté du dance floor
dans une techno aussi motrice qu’intelligente (µ-Ziq ?)qui
ne conserve pas grand chose du Knightboat dont il
s’inspire, mais réussit une gageure encore jamais
testée par moi au réveil dominical … le trémoussement
au milieu du salon, avec la baguette de pain pour
partenaire. « Mon
amoooour ! le petit déjeuner est servi ! »
Denis
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