Ladies
First, troisième album des Ripper, perle hétéroclite
aux douze chapitres et mille facettes, c'est le lyrisme
sans grandiloquence, le baroque sans démesure, la
surcharge sans saturation. Cet album s'épanouit selon
le même plan que I'm Coming, leur précédent
opus. Dès le morceau d'ouverture, l'auditeur est projeté
dans un monde à part. Calme et rassurant au début, From
my veins to the see, de thème dissonant en cassure
de rythme, devient opaque et presque angoissant. Déjà
le morceau s'achève, et l'on est ailleurs.
Un
monde que l'on pourrait qualifier, malgré l'évidente répugnance
du groupe pour les étiquettes, de "cabaret
pop" se dessine peu à peu. Un monde où chaque
instrument tantôt caresse, tantôt assène son fiel
sonore. Car c'est cela dont il s'agit lorsque Mazurel
emprunte la voix d'outre-tombe du personnage qu'il
incarne dans Going down. Le piano, le violon, bridés au
début du morceau s'insurgent contre l'excès de
formalisme initial. Un abcès gonfle et éclate alors, déversant
un incroyable déluge de notes qui vient balayer les
dernières bribes de lucidité de l'auditeur.
De
nombreuses chansons présentent une très forte
personnalité. Parmi elles, et sous ses faux-airs de
ska, la piste cinq, I was born a cancer, est sans doute
la plus immédiate. La plus formatée aussi. Sur un ton
pourtant guilleret, le saxophone, la basse, le violon
font écho à la voix de Mazurel qui évoque un thème
paradoxalement désespérant. Chaque instrument
s'octroie un instant de majesté avant de reprendre sa
place dans le fil de la musique. Ca donne envie de
pleurer et danser à la fois. Sans doute le
"single" de l'album.
White
men in black, avec ses chants parlés et sa rythmique de
cheval au galop, se clôt d'un poème "noir"
tout en français, petite minute familière qui sonne
singulièrement dans cet album exclusivement anglophone.
Mazurel joue de ses multiples voix comme d'autant
d'instruments, jonglant avec les atmosphères, les émotions.
Parfois chevrotante, parfois pure, rageuse, rassurante,
criarde, douce, bestiale, c'est une voix singulière,
omnipotente et qui n'agace pas. Chose rare!
Définitivement,
on voyage. Cet album troublant, entêtant, capiteux
presque, met en évidence combien ce groupe a trouvé
son identité, sa griffe musicale, diablement belle et
efficace. Il s'agit-là d'un excellent album tous
publics, novateur et assez facile d'accès, sans doute
parmi les meilleurs de 2005. Cette chronique aurait sans
doute affiché cinq étoiles si son auteur n'espérait
pas davantage encore d'un futur album. Une marge laissée
à cet énorme potentiel sur lequel on ne manquera pas
de garder un oeil émerveillé.
Fabrice
Berro
Tracklist
:
01. From My Veins Ti The Sea
02. I Used To Be A Charming Prince
03. Goin’ Down
04. White Men In Black
05. I Was Born A Cancer
06. Old Stars
07. Vargtimmen
08. The Apemen, The Bride and The Butterfly
09. Aleister
10. Hungerstrike At The Supermarket
11. Words
12. Hush
Date
de sortie : 17 octobre 2005
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