Joseph d’Anvers est un nouveau rejeton de ce qu’il convient
d’appeler la "chanson", par opposition au
galvaudé "nouvelle chanson française" -
terme fourre-tout permettant à des murmureuses de
cartonner aux victoires de la musique et à des Barnabé
de remettre en lumière la tradition des chansonniers du
début de siècle. Et "rejeton" est bien le
qualificatif qui convient le mieux à cet habitant du 9e
arrondissement parisien, sous Pigalle, comme l’indique
le nom de la station de métro qu’il accole à son
patronyme.
Enregistré
en grande partie à Bruxelles comme a désormais
l’habitude de le faire Dominique
A, avec Jean-Louis
Piérot (Daho, Fontaine, Bashung…), Les
choses en face évoque très largement les travaux
du glabre Nantais délocalisé dans la capitale belge (Dominique
A, quoi !), sur la base d’une voix medium à
grave, et un phrasé proche de la scansion. « Rejeton »
est encore le mot qui vient en tête, à l’écoute des
paroles qui évoquent le ci-dessus nommé, mais dont les
thématiques lorgnent aussi en direction d’un Breton
à la voix chargée d’excès : Christophe
Miossec, lui-même, qui vient d’ailleurs pousser
quelques éructations sur la
vie est une putain. On y parle de relations qui se délitent,
de gens qui passent, du poids de Paris et des villes en
général, du poids de la vie ; on y parle d’un
certain désenchantement contemporain, et de ces moments
de mélancolie toute personnelle, quand on a une
cicatrice sur le cœur, qui n’en finit pas de suinter.
Rejeton toujours, dans les arrangements qui n’auraient
pas fait tâche sur le dernier Daniel
Darc ou le premier Jérôme
Minière : guitare staccato, violons Tierseniens,
Piano…
L’album
ne brille pas par son originalité thématique ou
formelle. Il n’est si on l’analyse durement qu’une
appropriation personnelle d’univers déjà défrichés
par d’autres. Il manque même parfois de verser dans
la NCF conchiée à l’ouverture de cette chronique. Si
Si… Mais le parfois a ici son importance. Car il y a
deux grandes qualités à
les choses
en face, qui en font un album plus’ que juste écoutable.
Une grande qualité dans la rédaction des textes, qui
font mouche presque à chaque fois parce qu’ils sont
personnels autant qu’universels, sans jamais sombrer
dans
la facilité. Il
y a aussi, dans ce premier opus de Joseph
d’Anvers, la capacité à prendre place entre les
albums de Marchet,
Bondu, Miossec
ou Dominique A, sans vraiment démériter. Et c’est vrai qu’il est
dur de perpétuer un univers sans verser dans la pâle
copie, ou pire :
la caricature. Les
choses en face ne s’y brise pas les dents.
Denis
verloes
Tracklist
:
1. A
contretemps
2.
La valse des gens
3.
La vie est une putain
4.
Pigalle
5.
Nos jours heureux
6.
Comme un souffle
7.
En colimaçon
8.
Les amants (avec Miossec)
9.
On reste seuls au monde
10.
Les trêves
11.
Les autres
12.
Paris s'allume sous mes pas
13.
La brèche
14.
Les cicatrices
Durée
: 49'06
Date
de sortie
: janvier 2005
Plus+
www.josephdanvers.com
www.atmospheriques.com
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