The Radio Dept
- Lesser matter
xl
recordings/Beggars
- 2004
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Venus assez tardivement au groupe pour cause de
logistique défaillant, et précédé d’un bouche à
oreille convaincant, franchement on a bien failli se
laisser prendre…
que des Suédois se piquent de suivre le fil qui
va de My bloody Valentines à Slowdive…
Et c’est notre vieux fond « shoegazzer »
qui remonte à la surface… Quand on apprenait à jouer
de la Fender qu’on glissait à hauteur des genoux,
qu’on regardait nos superbe Adidas campus et qu’on
était fans inconditionnels de Ride et de leur inégalé
Nowhere…
C’est qu’ils ont bien compris les ficelles du genre
les Radio Dept. Et vas-y que je te mets la pédale
en total fuzz, histoire de faire grincer ma guitare, et
vas-y que je compose des titres dont les éléments
s’enchevêtrent progressivement, se compilent et s’écrasent
sur les brise-lames que sont nos oreilles. Bien sûr la
voix est en disto, en retrait, litanique et la réverb’
caverneuse est son amie. Evidemment les fausses fins
sont légions, reprenant de ci de là un élément
rythmique qui évacue la chanson en écho. On est bluffés
dès la première écoute, tant cela faisait longtemps
qu’on avait plus entendu pareil son, pareil style dans
un album contemporain. Le vieux fan-trip prend comme une
bonne mayonnaise.
Et pourtant, au fil des écoutes, passée la surprise du
genre, on se met à analyser. Certes l’intrusion d’éléments
modernes est originale: un loop de ci, une trompette
digitale de là, juste ce qu’il faut pour amener la
modernité dans l’ensemble sans trahir l’esprit du
style musical. Mais à chaque écoute, l’auditeur se
lasse un peu plus. Diable ! mais pourquoi se
sont-il évertués à placer sur la quasi totalité des
titres cette batterie synthétique échappée des pires
heures des années 80 ? Pourquoi ont-ils bloqué ce
métronome bon marché en position « sans âme »…
Et puis… Dans notre souvenir, chacun des maîtres de
ce style en vogue au début des 90’s se piquait de
soigner l’attrait mélodique: pour que de la vague
rageuse et tonitruante qui se lançait à l’assaut de
l’auditeur émerge un refrain ou un gimmick qui guide
l’amateur au fil des morceaux souvent à rallonge. Radio
Dept ne soigne pas cet aspect, et hormis les
imparables Where
damage isn’t already done qu’on retrouvera sans
hésiter sur les ondes ou encore les très emblématique
It’s been eight years
et 1995 on se retrouve fort dépourvus devant
des morceaux où seule compte la romance (tirant parfois
vers la bluette folk) ou le bruit, sans trop se préoccuper
de prendre l’auditeur par la main et l’accompagner
dans la tempête et les fleurs où le groupe s’amuse
à le plonger.
On finit par lâcher prise et se distancier du propos…
Et de l’ouragan annoncé on ne retient qu’une
plaisante brise de novembre assez rapidement oubliée.
Un album pour les inconditionnels, là où le groupe
aurait pu mettre tout le monde d’accord et le monde du
rock indé à ses pieds. On suivra avec attention les
opus à venir pour voir si comme le Beaujolais,
certaines années sont plus appétissantes que
d’autres.
Denis
Verloes
Tracklist :
01.
Too soon
02. Where damage isn’t already done
03. Keen on boys
04. Why won’t you talk about it ?
05. It’s been eight years
06. Bus
07. Slottet #2
08. 1995
09. Against the tide
10. Strange things will happen
11. Your father
12. Ewan
13. Lost
and found
Durée
: 43'22
Date
de sortie : Août
2004
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