musique

Mike fellows - Limited storyline guest  

Vertical form/La baleine –2004

 

 

 

    En catimini au creux des sorties electro du distributeur La Baleine, aboutit sur notre platine l’album de Mike Fellows, songwriter US à la discrétion étonnante. Fellows apparaît pourtant crédité sur plusieurs albums parmi ce que les Etats-Unis comptent de mieux en matière de mélancolie folk. On a ainsi vu apparaître le bonhomme derrière la basse de Silver Jews (un des projets down tempo de David Berman , longtemps squatté par Stephen Malkmus et Bob Nastanovich des regrettés Pavement) au tournant de 1998, et participant à l’enregistrement de ease down the road the Will Oldham aka Bonnie Prince Billy. Voilà pour ce que la carte de visite du musicien compte de références valorisantes.

 

    Mais limiter le plaisir de l’écoute de Limited storyline guest au cv de son auteur serait faire injure à l’album. Un album de country mélancolique et simple comme son actrice principale: la guitare folk, toute nue et sans fioriture. Pourtant, dès qu’on évoque le mot country, l’auditeur pense pedal-steel larmoyante, rythme calqué sur les convois de trailers traversant le Colorado, cow boy moustachu, rougeaud et ivre… ou dans le meilleur des cas à Calexico, Howie Gelb et Richard Buckner, faussaires de génie, capables de détourner les poncifs guitaristiques, harmoniquesques et cuivrés en une mode neo-western onirique qui titille nos imaginaires européens. Détrompons-nous! Car il y a du génie dans cet album dont le seul inconvénient est une longueur limitée à 33 minutes –de pur sentiment, ceci dit.

 

    Fellows parvient avec une économie de moyens : guitare, harmonica, piano et deux bidouilles électroniques ; à toucher, apaiser, faire voyager le chroniqueur le plus endurci. La production est résolument simple, sans surenchère, en prise directe mais nettoyée, et est à ce titre un moyen parmi les plus efficaces pour atteindre l’auditeur en plein cœur. On a comme l’impression que le musicien joue à côté de nous, qu’il nous parle…

 

    Dans un voyage à travers la folk music et les paysages américains. Pas une once de cliché dans son œuvre, et à peine quelques réminiscences du passé de ce genre musical. A l’instar de la pochette du disque, c’est sous une veste moderne, et une dégaine musicale bien de notre époque que limited storyline guest déroule son abécédaire country seulement rappelé par un serre-tête d’époque. Pas de récupération de son, pas d’esbroufe façon western spaghetti… Une folk moderne, imprégnée des racines américaines (profondes… Le serre-tête il est indien, ce n’est pas l’éculé Stetson de cow-boy), dans une version résolument tournée vers l’avenir et la nouveauté. La folk américaine comme elle est et pas comme on voudrait qu’elle soit.

 

    Le tout développé selon une belle courbe de Gauss de notre plaisir: cueilli en douceur sur les premiers morceaux à l’économie, emmenés au crescendo des plages 3 à 7 sur les chemins de la modernité par le biais de mélodies géniales ou de bidouillages électroniques ingénieux, puis re-déposés en 8 et 9 apaisés et… définitivement conquis !

 

Denis