On
ne sait pas vraiment si Mehdi est aussi chanceux que son titre le laisse supposer. Il
n’empêche que tout ce qu’il touche lui réussit
jusque là. Il fut metteur en son initial du 113
et partenaire de jeu pour une génération de rappeurs désormais
connus : Rohff, Assassin, Mc Solaar ou Booba pour ne citer que les plus
commerciaux. Son premier LP montrait l’étendue de la
culture musicale du DJ pas bégueule, établi dans le 20e
arrondissement de Paris. A la croisée des chemins entre
électro, pop et hip hop, il plaçait un album malin,
ouvert sur d’autres types de musiques: the
story of espion, qui n’a à ce jour par pris une
ride. Comme pour prouver qu’en restant dans le bon
vieux hip hop old school il pouvait encore faire des étincelles,
il donnait plus tard un
Megalopolis / des friandises pour ta bouche pétri
de bon rap à l’ancienne, en guise de BO aux exactions
du collectif Kourtrajmé.
Et
rebelote, v’la t’y pas que le bonhomme décide une
fois de plus de bouleverser sa donne. Hébergé par le
très électro-coloré label Ed Banger (Daft
Punk en filigrane et Justice
en tête de pont), Mehdi
décide de prouver que dans ce style là aussi on peut
faire du Dj Mehdi,
sans perdre son âme, ni avoir l’air deux secondes
ridicule.
Le
disque cède donc une large part aux sonorités électro,
aux guitares bourrines et aux claviers façon années 80
que le bonhomme se réapproprie, ici en y ajoutant un
bon beat ou beatbox malin, là en agençant les sons
pour les rendre irrésistiblement « groove et
dance » (pour paraphraser le slogan d’une radio
toute pourrie) ou encore en saupoudrant sa formule de
vocals charmeurs. I
am somebody fait sienne une esthétique qui aurait
ailleurs donné un hey
captain say what resucé en version
contemporaine. Il le transforme en une machine moderne
à bouger son derche. Soit l’art de se réapproprier
des briques existantes et prouver qu’on peut en faire
autre chose que l’armée de suiveurs. Ibid. sur Signatune qui se plait
à faire du Daft
Mehdi comme les Punk
n’en feront jamais. Il coiffe d’ailleurs robot
rock au poteau sur un boggin’
qui utilise les mêmes ingrédients que les têtes de
robots, mais mue le titre en une mini machine de combat,
pas tarte pour un sou. Etc. Etc.
Chaque
titre qu’il touche, sur cet album, est à la fois hip
hop, pop, très eighties, très synthétique, tout en étant
imprégné d’un indéniable souffle de vie. Alors oui,
la recette se répète sans doute un peu au fil de
l’album, et la surprise s’étiole un poil au fil des
47 minutes. Qu’importe. Ici
d’abord on danse, après seulement on se rend
compte avec quelle maestria le DJ prend des briques de
culture musicale, les roule en boule et les fait tourner
sur le bout de son index comme un basketteur star avec
son ballon. Et quand il dunke… Mazette, ça fait
trembler les filets.
Beaucoup
se sont essayé et s’essayent encore à l’exercice.
Beaucoup tombent dans et sur le panneau. Pas Dj Mehdi. Mais il le dit aussi, c’est un Lucky boy.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Busy Being Born
02 I Am Somebody (feat. Chromeo)
03 Signatune
04 Boggin
05 Always Be An Angel
06 Poney Rocking (feat. Feadz)
07 Saharian Break
08 Lucky Boy (feat. Fafi)
09 Wee Bounce
10 Leave It Alone
11 Hot-O-Momo (feat. Xanax)
12 Constellation
13 Love Bombing
14 Bonus Track
Durée :
47’
08’’
Date
de sortie : 25/11/2006
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La
chronique de Megalopolis
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