The
Hidden Cameras -
Mississauga Goddam !1/2
Rough
Trade - 2004
|
|
|
|
Ils se comptent au nombre
de 15 à 25. Durant leurs concerts, un go-go dancer
encagoulé verse parfois du vin dans la bouche des
spectateurs. Sur leurs t-shirts on peut voir une épée
dont le manche est un pénis. Quoi d’autre… Ah oui,
ils se produisent régulièrement, voire en majorité,
dans des églises. Où leurs paroles célébrant
l’amour physique (homosexuel) avec moult détails
doivent joliment résonner. The Hidden Cameras n’est
pas un groupe tout à fait comme les autres.
Ils pratiquent ce que les anglo-saxons qualifient le
plus souvent de « swooning-pop », terme sans
équivalent et difficilement traduisible en français
sinon par une expression maladroite telle que « pop
euphorique et béate », exaltée par le caractère
religieux (et simultanément païen donc) des paroles et
des mélodies. On parle aussi de « gay church folk
music » ce qui pour être un peu réducteur,
n’en décrit pas moins assez précisément ce à quoi
on a affaire. Bref un mot comme en cent, The Hidden
Cameras est le petit frère canadien des texans de The
Polyphonic Spree (à ce propos, Together We’re
Heavy le nouvel album : la félicité faite
musique, un arc en ciel entre les oreilles, vraiment).
Le groupe n’y gagne d’ailleurs pas vraiment à leur
être comparés sur les titres à vocation orchestrale
et si on cherche véritablement à les mettre tous les 2
dans le même panier : on s’attardera plus
volontiers sur un Builds the Bone délicat et réminiscent
de Donovan. Ce titre permet d’ailleurs de
remettre leur travail en perspective, et surtout de les
différencier de leurs texans « co-religionnaires »
musicaux : là où le songwriting de Tim
DeLaughter s’épanouit dans des explosions
beachboyso-wagnériennes absolument faramineuses, celui de Joel Gibb, quoique tout aussi marqué par les
60s, se révèle nettement plus bucolique voire
intimiste, soit folk. Il faut alors imaginer un Belle
and Sebastian souriant et un peu con-con qui n’hésiterait
pas à ouvrir son album sur des « doot doot doot »
répétés jusqu’à plus soif.
Reste que ces caméras cachées là réussissent le plus
souvent leur coup : il se dégage réellement de
leurs mélodies et de leurs refrains répétitifs et
propices à la reprise en chœur, une joie, une forme
d’élévation qui provoque une certaine euphorie.
D’autant que musicalement, les arrangements, les
orchestrations (violon, flûte, harpe etc) sont d’une
remarquable qualité. Dès lors, des titres tels que Music
Is My Boyfriend ou I Believe in the Good Life
ont tout pour devenir de jubilatoires hymnes pop, sans même
conférer au terme sa connotation religieuse.
En tout les cas, et au moment où la fantastique chorale
texane à toges s’apprête à prendre pacifiquement
d’assaut la planète, il serait injuste de laisser de
côté celle, tout aussi excentrique, de Toronto.
Laurent
|