musique

Kiss me deadly - Misty Medley

Alien 8/Differ-ant

[3.5]

 

 

Deuxième parution et premier LP, sous la forme d’un très joli digipack, pour les canadiens de Kiss me deadly. Le groupe est composé d’Emily Elizabeth au chant et à la guitare, Adam Poulin à la guitare, au chant puis à la programmation, Matthieu du Montier à la basse ou au chant, Erik Petersen à la batterie et Sophie Trudeau au violon additionnel. Ils ont publié un EP en 2005 : amoureux cosmiques, qui a bruissé dans le landerneau. Suffisamment en tous cas pour leur ouvrir l’accès au premières parties des dates américaines de Bloc Party. Un groupe avec lequel ils semblent partager une goût pour les sonorités caverneuses et réverb’du rock des années 80, mais plutôt versant Echo and the Bunnymen que new wave façon The Cure, quand bien même la voix d’Elizabeth semble parfois tâter du miaulement façon Bob Smith, égérie déjà constatée pour le leader du Bloc: Kele Okereke.

 

On pêche par défaut de connaissance et on avoue qu’on ne connaissait pas le précédent opus. Il apparaît que le groupe aurait déjà évolué d’une influence emo ou math rock vers un son beaucoup imprégné de mélodies profondes et d’un flirt plus régulier avec une pop presque dansante. Presque, parce que Misty Medley est bien trop sombre et travaillé pour n’être que pop, immédiat et enjoué. Puis Misty Medley ne regorge pas d’ailleurs de gimmicks ou de mélodies entêtantes à la sauce 80’s. Le spectre musical de KMD est moins immédiat, mais aussi moins facilement rattachable à une époque musicale dont le groupe serait fan inconditionnel et vassal intégriste. Il faut un peu creuser le vernis pour entrer dans l’album. Pousser des deux mains les portes de l’univers ainsi campé.

 

On sent transparaître au fil des 11 plages qui composent l’album, les multiples influences du groupe. Ses différentes chapelles, ses obédiences. Mais aucune ne parvient réellement à faire le break et donner la couleur globale de l’album. On est bousculé d’un style à l’autre, d’un référent à l’autre. Et on se plait à ce petit jeu d’auto-tamponneuses. Ainsi à côté des Echo and the bunnymen ou même U2 (la manière de poser la voix de Petersen est parfois troublante de ressemblance), on sent que les Canadiens ont beaucoup appris aussi du phénomène shoegazzer des années 90, ainsi que des rifs caractéristiques de titres de Sonic Youth époque dirty. Du post rock de Mogwai ou du rock déconstruit de Broken social scene aussi, pour citer des références encore plus récentes. Le jeu de bousculade des styles se répercute parfois jusque dans la structure interne des titres. Le même morceau peut partir dans plusieurs directions en même temps, quelque part aux confins du rock aérien et de la pop un peu glauque. On songe alors petit monde bancal du misery is a buterfly de Blonde Redhead avec le plaisir de trouver chez KMD suffisamment de personnalité et de modèles différents pour ne pas tomber dans la singerie monomanique des modèles abordés ou des groupes adulés.

 

L’ensemble est un petit condensé d’influences rock de la fin des années 90 et du début des années 2000. Pas de recherche de nouveauté ou de réflexion intellectuelle sur le sens de la musique et son évolution à l’aune de ce nouveau siècle. Non, juste la musique de gens qui connaissent l’histoire du rock de ces dernières années et s’en nourrissent pour livrer leurs tripes. Le groupe a trouvé son alchimie sonore et son unité fonctionnelle. Il lui manque peut-être encore une vraie direction pour canaliser ses potentiels en un but défini. On aurait alors là sans doute un chef d’œuvre. Mais son ébauche façon Misty Medley se révèle déjà de très haute tenue et un achat non regrettable. On se dit aussi que sur scène, s’ils lâchent la bête… on peut s’attendre a un grand moment de live.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Dance 4

02. Dance 2

03. Pop

04. Let's

05. Dance 3

06. Ballads

07. Misty Medley

08. Distress Call

09. Dance 1

10. Groove

11. Bonus Track

 

Durée49’42

Date de sortie : 17 janvier 2006

 

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