Pendleton
- No dragons on these streets
Gentlemen
Records - 2004
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Il y a deux mois à peine, nous parvenait aux oreilles le
premier opus du groupe américano-suisse Pendleton, emmené
par le lausannois Gregory Wicky : grounded
for a year . Il s’agissait à l’époque
pour Wicky, de composer une chanson par mois,
pendant un an, et de livrer à l’auditeur le
compte-rendu de cette année musicale introspective. Le
résultat, intéressant, nous semblait cependant pêcher
par excès d’intimisme et d’enfermement sur soi. Les
compositions touchantes, tournaient lisses au bout du 6e
ou 7e mois musical, au fil de l’habitude de
l’auteur à retrouver l’artiste enfermé seul entre
guitare et boîte à rythme.
Le nouvel album du jeune homme chasse
tous les arrières goûts de répétition qui
entachaient la première découverte. Gregory Wicky
s’entoure ici de l’ampleur d’un vrai groupe, de
compositions qui prennent le large et desserrent la
cravate qui étranglait jusque là la mélodie. Les
influences générales sont à chercher du côté de la
crème du pop/rock européen. Citons les belges de Deus
ou les compatriotes de label : Magicrays
pour l’ambiance toute en guitare, qui soudain s’énerve,
et les morceaux formatés autour de la séquence couplet
refrain couplet. Mais on aurait pu en citer d’autres
avec la même pertinence.
On y repère aussi une once de terreau folk américain (racines du jeune homme ?),
quand la guitare acoustique, la slide-guitar ou le piano
prennent le relais des muscles électriques.
L’alternance morceau énergique, morceau assagi
fonctionne à merveille et fournit l’unité de
l’album qui échappe à la redondance ou à
l’essoufflement. L’ensemble est efficace, et les
amateurs du genre y retrouveront leurs marques.
Et, plus étonnement encore: les plus « anciens »
d’entre nous repèreront dans l’addition voix soufflée
un peu nasillarde mais grave, et les morceaux qui font
la part belle à la guitare grimaçante un peu de Luke
Haines et ses mésestimés The Auteurs. Un côté
sombre et triste tout en étant pop et rock à la fois.
Une rage contournée façon mélodique. Une voie résolument
différente à la cohorte de groupe qui plongent
aujourd’hui dans le grand livre des années 80. Et du
coup, une démarche intéressante.
Par contre, si Wicky démontre
par cet album qu’il peut désormais jouer dans la cour
des grands et en découdre avec la crème de la pop, il
lui manque encore un peu de constance à délivrer des mélodies
que l’auditeur retient indubitablement comme
appartenant à Pendleton et nul autre. Les 10
titres de l’album s’écoutent certes sans déplaisir,
mais on aimerait rencontrer plus régulièrement des
ballades de la trempe de all the dust in the world,
bijou de mélancolie et de folk ; ou des coups de
pieds au cul de la trempe de Oblivious Circle et
ses gammes de guitares hypnotiques. Mais n’allons
peut-être pas trop vite en besogne : Pendleton
vient de trouver sa voie (?). Gageons que comme le vin
valaisan, il gagnera en saveur et en tanin, au fil des
cuvées.
Denis
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