On
ne parvient jamais à dire du mal ou du réellement déceptif
de la bande à Thurston Moore, qui a toujours réussi,
au fil des ans, à se redire sans jamais vraiment bégayer ;
à se ressembler sans tout à fait lasser ou se laisser
prendre à ses propres tics. Le respect est inné quand
on parle de ces New Yorkais
Rather
ripped,
est le neuvième et dernier album de leur contrat avec
Geffen. Il est aussi le premier enregistré en partie
après le vol d’une partie de leur matériel de scène
quelque part aux États-Unis et après le départ définitif
de Jim O’ Rourke en qualité de guitariste.
Et
dès les premières notes, on est surpris. Nous qui étions
habitués à ces chansons bruitistes où d’un magma de
notes émergeait enfin des nappes de guitares organisées,
structurées en bataillons soniques venant prendre
position dans nos oreilles et possession de notre
cerveau –avec un peu moins d’efficacité peut-être
au fil des années, c’est sûr- on est surpris dès
l’entrée en matière de la qualité presque clinique
du son, travaillé jusque dans ses moindres détails.
On
est également étonnés de retrouver un Sonic Youth
de « radio edit versions », concentré sur
des mélodies plutôt bien troussées emmenées selon un
même schéma constitutif. Un gimmick vocal de Thurston
ou Kim, puis une guitare qui vient poser la mélodie,
et enfin, la décharge Youthienne qui, comme précisé
plus haut, se pare ici d’une production léchée dans
ses moindres détails. Les adorateurs d’une méthode Sonic
Youth qui tendrait à définir un track des New
Yorkais comme un grand chaudron de jam session duquel émergerait
soudain un bruit organisé, bible de l’évangile selon
Sonic Youth, seront un peu en reste.
Cette
mécanique de chansons construites et
plus structurées fonctionne parfaitement
sur les sept premiers titres de l’album. Les mélodies
sont efficacement troussées, politiques do you
believe in rapture, démocratiques : la
gratte/voix de Thusrston, la basse/voix de Kim et la
guitare de Lee y sont mis en valeur chacun à leur tour.
Les pistes 7 à 11 ralentissent ensuite encore le tempo,
(et baissant le niveau de génie d’un cran, mais
c’est mon avis). Ils laissent l’auditeur et son
groupe favori en roue libre, sans engouement ni déception
particulière, avec le plaisir en demi teinte de renouer
avec la nostalgie. Et pour terminer en mettant tout le
monde d’accord, la version française de Rather
ripped se conclut par un condensé du son de Sonic
Youth à l’ancienne. Helen Lundeberg débute
par des voix de studio, et on sent la jam session qui préside
à la construction d’un titre plein de bruit, à
l’ancienne, qui n’explose jamais vraiment, mais dont
ne parvient ni à définir le contour, ni à trouver le
moindre défaut.
Nouvelle
livraison faite de grande réussites et de roue libre,
qui prouve que même sans appuyer sur la pédale ni
passer les braquets, en changeant de matériel en cours
de route et se voyant amputé d’un membre au fil des
ascensions de col, Sonic Youth conserve le
maillot jaune du rock indé et s’adjuge la victoire
haut la main. Sont forts les bougres.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Reena
02.
Incinerate
03.
Do You Believe In Rapture ?
04.
Sleepin' Around
05.
What A Waste
06.
Jams Run Free
07.
Rats
08.
Turquoise Boy
09.
Lights Out
10.
The Neutral
11.
Pink Steam
12.
Or
13.
Helen Lundeberg
Durée
: 56'31
Date
de sortie
: mai 2006
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