En
fait, à la réflexion, et en commençant cette
chronique, on se demande si Tv on the radio
n’est pas tout simplement le meilleur groupe de rock
and roll du monde. Le plus original de ce milieu de décennie
du premier siècle du nouveau millénaire, assurément..
Le renouveau du rock and roll passe donc finalement bien
par Brooklyn et est l’œuvre d’un groupe de cinq
doux dingues décidés, emmenés par Tunde
Adebimpe
et David Sitek unis pour repousser
un peu plus loin encore les limites de la pop et du
rock, qu’on croyait pourtant gravées à jamais dans
le marbre.
On
avait aimé, en 2004 le premier opus, Desperate
youth, blood thirsty babes, et
on se rappelle encore aujourd’hui de la difficulté de
chroniqueur à retranscrire ce qui tenait de l’expérience
sonore totale: dans le son, la forme et l’impression
laissée. S’il resserre un peu les rangs mélodiques
du côté des hymnes pop ; rendant ce second opus
un peu plus accessible, Return to cookie mountain
(où l’on croise David Bowie toujours défricheur,
et la chanteuse des étranges Célébration)
n’en demeure pas moins une véritable œuvre
contemporaine, unique en son genre et en tous points
louables
Poussant
le mot fusion jusque dans ses derniers retranchements,
le groupe invente le « post post rock ».
Soit une musique rock dans sa sonorité, pop dans sa
volonté, mais traité globalement comme le ferait DJ
shadow d’un bon vieil album vinyle. Chaque partie :
guitare claire ou triturée, nappe électrisée,
batterie, Bowie, voix doublée, sifflement,
cuivres, y apparaît comme un extrait chipé sur des
disques du passé – les années 80 en filigrane- et
remontés sur un fil sémantique ténu mais efficace.
Des samples, mais pas samplés, des remixes, mais un
groupe rock… Le rock inventé à la mode des années
2000. Soit un rock qui ne peut plus se départir des
percées musicales technologique et de l’esthétique
du collage qui ont régné en maître sur la fin des années
90 et le début des années 2000.
Chaque
titre accroche pourtant l’oreille par la facilité (ce
n’était pas le cas du premier opus) qu’on a à
muser le titre, à s’en rappeler ; avant même
que l’oreille analytique ne se mette en branle et se
prête au jeu de repérer ici le détail, là la
trouvaille sonore, là le hiatus. Autant d’éléments
épars qui ailleurs seraient apparus comme une
dilapidation de la formule et qui se transcendent ici
comme autant d’éléments indispensables à la
richesse constitutive du son de TV on the radio.
Le tout sans être une demi seconde intello, rasoir ou
pesant. La facilité avec laquelle ils se jouent de cet
album pourtant riche est même presque vexante.
Wouaw !
La lutte va être rude dans la seconde partie de l’année,
pour aller détrôner cet album tout en haut de mon
panthéon annuel. En attendant : dégustez !
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
I was a lover
02.
Hours
03.
Province
04.
Playhouse
05.
Wolf like me
06.
A method
07.
Let the devil in
08.
Dirtywhirl
09.
Blues from down here
10.
Tonight
11.
Wash the day
Durée
: 56’14’
Date
de sortie
: 3
juillet 2006
Plus+
Desperate
youth, blood thirsty babes
Le
site officiel
L’espace
Myspace
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