Rykestrasse 68, c’est précisément
le lieu de résidence berlinois occupé par Hanne
Hukkelberg durant 6 mois, période nécessaire à la
germination de l’album du même nom. Sa récente consécration
aux Grammy awards norvégiens n’est pas sans soulever
un certain nombre de questionnements, notamment sur la
crédibilité de ce genre de récompense d’un pays à
l’autre. Bref, toujours est-il qu’en Norvège, dans
ce cas précis, il semblerait qu’on ait les oreilles
moins crottées et plus fureteuses qu’ailleurs.
Après un premier album (Little things)
paru sur le classieux label Leaf, ce second opus
déjà sorti dans son pays natif, fait son apparition à
retardement dans nos contrées. Même si l’on retrouve
avec plaisir ces petites chansonnettes qui semblent ne
tenir qu’à peu de choses, nul doute qu’Hanne
Hukkelberg a pris du poil de la bête. Sa voix à
cheval entre la chanteuse d’antan et la frêle poupée
scandinave a conservé son charme intact, tout en
prenant un peu d’assurance. Cette voix, qui apporte
une lourde contribution au caractère du disque,
se suffirait presque à elle-même, charme
lorsqu’elle dialogue avec un unique violoncelle (le
paradoxalement nommé Obelix, si fragile), nous
plonge dans un film noir et blanc, profitant du soutien
de quelques accords de piano et de bandonéon, quelques
notes pincées à la contrebasse (The pirate).
Ces chansons, dont l’aspect chétif et bricolé peut
rappeler la bedroom pop des soeurs Cocorosie
(instruments jouets, claviers Casio, rythmiques faites
de brics et de brocs, de claquements de doigts, de
mains....), bénéficient d’orchestrations plus soignées
et étoffées, prennent souvent des directions et envols
pour le moins surprenants (le refrain swing de Cheater’s
armoury, par exemple), clament fort leurs envies de
grands espaces, invitant alors des cordes et choeurs angéliques
(The northwind), dérivent de couplets fleurant
l’artisanat lo-fi vers des refrains dignes de la haute
couture façon Stina Nordenstam, voire la Björk
des débuts (le tube Ticking bomb qui roule des mécaniques
implacables).
Mais pourquoi donc Leaf n’a pas joué
des pieds et des mains pour renouveler la signature de
cette poupée voleuse ?
Sébastien
Radiguet
Tracklist :
Berlin
Cheater’s
armoury
The
pirate
Fourteen
The
northwind
Obelix
Break
my body
Ticking
bomb
Pynt
Durée
: 39'13
Date de sortie : 2
avril 2007
Plus+
Hanne
Hukkelberg
MySpace
Nettwerk
|