Of
Montreal - Satanic panic in the attic
1/2
polyvinyl
records - 2004
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Longtemps pilier du
collectif pop Elephant 6 Recordings (autant vous
prévenir tout de suite, le mot « pop » sera
employé à plusieurs reprises dans cette chronique) en
compagnie des Apples in Stereo, Neutral Milk
Hotel et autres Olivia Tremor Control, Of
Montreal n’a rien perdu de sa verve fantaisiste
lorsqu’il a fallu migrer sous d’autres cieux :
suite à la « mort » d’Elephant 6,
on a pu les retrouver chez Kindercore, et
aujourd’hui chez Polyvinyl.
C’est pourtant au son d’une batterie programmée que
débute Satanic Panic in the Attic, avec l’electro-pop
(deuze) Disconnect the Dots : les fans en
seront probablement pour leurs frais, mais la réussite
est néanmoins de la partie. D’autant que, chassez le
naturel bla bla bla, le groupe ne peut s’empêcher de
s’adonner à ces changements d’accords, de tonalité
et de mélodies dont il est coutumier : le coup de
la chanson-poupée russe, l’un de leurs tours de
force.
Illustration type avec ce qui constitue certainement le
meilleur titre de l’album, en même temps que le plus
caractéristique de leur style : Lysergic Bliss
(« béatitude lysergique », tout un
programme…). Véritable odyssée pop (qu’est-ce que
je vous avais dit ?) et psychédélique de 4
minutes à peine, il comporte assez de mélodies,
d’harmonies, d’accroches et de trouvailles sonores
pour remplir un album à lui tout seul. C’est le
Summer Of Love recréé dans nos oreilles, un
pique-nique entre amis sur une plage californienne
devant nos yeux, une teenage symphonie de poche pour le
3ème millénaire. Délicieux.
Son seul défaut est sans doute d’arriver trop tôt
car aucun des morceaux suivants ne parvient à atteindre
les mêmes cimes. Oh, l’imagination est toujours au
pouvoir, et le plaisir bien réel, mais aucun ne
parvient à en retrouver la grâce, la douce folie, à
incarner ce que beaucoup ont longtemps cherché en vain
(et cherchent encore aujourd’hui) et qu’on appelle
la perfection pop (en même temps, je vous ai pas pris
en traître).
Of Montreal mène cependant remarquablement sa
barque, revenant par moments à ces sonorités synthétiques
plutôt nouvelles pour lui (Rapture Rapes the Muses),
se prélassant la plupart du temps sous le soleil 60s,
s’autorisant même une belle incartade acoustique (City
Bird). Moins barré que sur ces albums précédents,
il se situe en quelque sorte à mi-chemin entre les géniaux
et psychédéliques Olivia Tremor Control, et les
plus conventionnels Beulah.
Bien sûr, d’aucuns verront en eux une énième réunion
de nerds (tout comme leurs ex-camarades d’écurie éléphantesque,
ils ne ressemblent ni de près ni de loin à des
musiciens de rock), collectionneurs compulsifs de
singles introuvables et adorateurs de Saint Brian
Wilson. Of Montreal (ainsi que The Essex
Green, The Tyde, The Apples in Stereo
etc.) n’est pourtant pas passéiste : il privilégie
la mélodie et l’imagination comme de nombreux groupes
pop (promis, c’est le dernier) de la fin des années
60, nuance. Sa fantaisie et son excentricité sont
universels, défient les âges et les époques. A nous
d’en profiter aujourd’hui.
Laurent
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