On
ne connaîtra sans doute jamais le fin mot exact qui a
présidé à la destinée du little
pop rock de Sister
Vanilla aka Linda
Reid. Est-ce vraiment la volonté de la plus jeune
des Reid a se
créer un petit chemin dans un rock où elle a joué par
le passé les porte-voix bénévoles, en faire valoir de
ses frangins doués ? Où une entreprise familiale
consciente et raisonnée autant que subreptice, visant
à brouiller les points de comparaison avec le passé
musical en utilisant le vecteur
Linda pour s’absoudre d’un mythe sans doute un
poil lourd à assumer. Ou des quolibets qui accompagnent
toujours, en rock, les reformations à une bonne décennie
de distance.
Toujours
est-il que les faits sont là, composé à six mains,
entre Linda,
William et Jim
Reid, Little pop rock a tout de la reformation, sous des airs de ne pas y
toucher, des écossais Jesus
and Mary Chain. Parce que bon, ce n’est tout de même
pas le jeu de batterie du futur Primal
Scream Bobby Gillespie ou la basse de Douglas
Hart qui rendirent le son de JaMc
si emprunt de légende. Tout partait des guitares de la
fratrie, de cette capacité à « caverniser »
un titre pop ailleurs tout Wilsonien,
et à laisser parler la poudre de la distorsion et de
ces nappes électriques. Des nappes de guitare qui
influencent encore des générations de wannabies comme
elles furent à l’époque le détonateur de carrière
pour des gens aussi recommandables que My
Bloody Valentine, pour ne citer qu’un adorateur de
renom au moins aussi grand.
Alors
faut-il, chroniqueur, analyser little pop rock comme le retour camouflé des Jesus and Mary Chain, depuis leur retraite définitive, quelque part
au tournant du siècle ? La tentation est grande.
Mais les Reid
sont des malins. Puisqu’il s’agit de l’album de la
soeurette, c’est ainsi qu’ils se disposent et
disposent les éléments sonores de l’enregistrement.
En retrait du petit filet, encore diablement juvénile,
de Linda. C’est
donc comme tel qu’on se résout à l’analyser.
Little pop rock n’est donc pas l’album du retour
des légendes, mais un album de fans du JaMc
emmenés par une fille. Si on se cantonne à cette définition,
on a une bonne idée du ressenti qu’on éprouve à
l’écoute de l’album. Il y a dans ce disque une
propension à la ballade, que n’auraient sans doute
pas toléré longtemps les frangins seuls. Oui mais. Des
ballades qui n’oublient pas de laisser parler un
guitare en disto, quelque part au loin, comme un écho,
un phare dans un univers tapissé de gris, caressé par
une voix cotonneuse ou caressante: celle de Linda
Reid.
Mais
il y a quand même, on ne se refait pas, de multiples
parallèles avec le Jesus
and Mary Chain. On ne peut pas non plus chasser le
naturel sans qu’il vienne poindre son nez rapidement.
Au delà des titres dont les paroles font ouvertement références
aux tracks du groupe écossais, comme K
to be lost, et sa citation psychocandy-ienne
récurrente ; ou encore can’t
stop the rock qui place le JaMc
sur l’échiquier des groupes que Linda
y cite en référence, il y a des évidences sonores qui
ne trompent pas.
On
trouve ici les voix qui viennent se poser sur une vague
électrique, comme surfant sur une lame de fond (que ce
soit celle de Linda
ou un des frangins d’ailleurs). Il y a cette guitare
qui soutient une nappe électrique, qui remplit
l’espace à coup de deux accords soutenus, distordus
et réverbérés. Cette même guitare d’atmosphère
avec laquelle joue de temps à autre le riff mutin et
tellement blues. Il y a les grelots de soutien, frappés
métronomiquement, récupérés depuis par toute la pop
anglaise, et la batterie roulante, quasi électronique,
qui invite à onduler façon Beach
Boys. Il y a cette incommensurable capacité à
faire d’une petite chanson, en apparence anodine, un
titre qui fait se remuer, et qu’on se surprend à
fredonner malgré une pas si évidente structure. Il y a
aussi, un peu, de cette nostalgie qui nous fait repenser
que Jesus and
Mary Chain on les découvrait il y a une grosse
quinzaine d’année, et que toute notre vie
d’auditeur de rock doit beaucoup à ces découvertes
d’athénée (lycée).
Il
y a de tout cela, mais pas trop. Little pop rock n’est pas une perle de plus à la légende. Ceci
dit, ça tombe bien, puisque ce n’est pas un album de Jesus and Mary Chain, mais d’un groupe de fans dévots emmenés
par une fille. Et cette dévotion ne démérite pas
vraiment par rapport aux parutions légendaires. Un tout
bon album de Sister
Vanilla. Sans doute le seul groupe capable de faire
revivre, presque intacte, un peu de la magie de notre
adolescence rock. Et pour cause.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Pastel Blue
02.
Jamcolas
03.
Slacker
04.
Delicat
05.
Can't Stop the Rock
06.
Kissaround
07.
What Goes Around
08.
K to Be Lost
09.
Angel
10.
Down
11.
TOTP
12.
Two of Us
Durée :42’
12’’
Date
de sortie : 20/03/2007
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