On
est à peu près sûrs de ce qui va se passer… Classé
« Sacré Belge », dénominateur abscond
autant que fourre-tout pour l’hexagone, le skyline
society de Major Deluxe, va se voir promu de la sorte, du côté français du
Quiévrain. En fait il y a autant de parallèle entre Ghinzu et Major Deluxe,
qu’entre Phoenix
et Pleymo
pour faire une comparaison musicale franco-française.
La catégorisation par le régionalisme s’avère donc
une entreprise vouée à l’échec.
D’ailleurs,
il serait plutôt réducteur de parler de nationalisme
ou d’opportunisme pour le combo. Sébastien
Carbonnelle, - par ailleurs une des têtes pensantes
du label hédonisto-esthétique belge Top 5 records qui
publie l’album-, n’a jamais caché (même du temps où
on le croisait, hantant les chambres d’étudiants
proches l’ULB, ou qu’on repérait ses chroniques
dans le gratuit RIFRAF) son goût pour les musiques
intimes. Ainsi il a toujours fait cas des ces sons qui
se nourrissent par exemple de Nick
Drake, de Tom Waits, de Syd Barrett,
de Palace, et
de Bob Dylan pour
les anciens,
Lambchop, High Llamas ou Tindersticks
pour les modernes.
Il n’est donc pas étonnant de le retrouver avec une
formation qui explore les accalmies, les herbeuses
« descentes », un psychédélisme mou sans
être mollasson. Point d’opportunisme belgo sacré ni
de récupération de la vague néo folk donc.
Plutôt
que d’arrivisme musical, on parlera de lente
maturation, qui semble être une des marques de
fabriques du groupe. Intelligence (Intellos?: un peu !),
maturité et « prendre son temps ». Une
maturation qui a vu Major
Deluxe, jeter lentement les bases de son dessein
musical et l’expérimenter ensuite en accompagnant Morning
star à Dublin ou en s’enfermant en studio à
Bristol.
Une maturité musicale et un long processus de création
qui débouchent aujourd’hui sur ce Skyline
society.
Ce
qui saute aux oreilles, dans cet album léché
jusqu’au moindre son, c’est l’évidente volonté
de ne rien laisser au hasard. Chaque composition est
enrichie à l’arrangement où cuivre et piano tirent
leur épingle du jeu. On navigue effectivement régulièrement
au sein des références des groupes susmentionnés et
le travail de production se ressent intensément, sans
pourtant plomber l’album. Un opus qui se déroule
plaisamment, compagnon de n’importe quel après-midi
au boulot. Sans hiatus, sans regret, mais aussi… sans
surprise.
En
fait, c’est surtout sur ce dernier constat qu’on a
envie de mettre le bémol. Oui les compositions sont
belles, oui on parvient à coups de strates musicales à
faire l’impasse sur un phrasé qui dénote parfois que
l’anglais n’est pas l’idiome maternel du groupe.
Oui on est accompagné par la main dans ces ballades
douces et charmantes qui expliquent le [3.0] de
la note. Pourtant
, on ne peut s’empêcher de penser qu’il manque à Major
Deluxe un petit quelque chose. Oh pas grand-chose,
et on ira sûrement pas le chercher du côté de la maîtrise
du genre musical, non. Plutôt du côté de
l’affectivité, de la mélodie sans doute, et du
gimmick assurément. On regrette en fait que rien, ou si
peu, dans l’univers musical de skyline
society n’arrive à se placer au rang des chansons
qu’on fredonne, qu’on retient aisément, qu’on réécoute
parce qu’elles évoquent de doux moments. Comme si on
avait quelque part sacrifié l’émotion sur l’autel
de la technique…
Cette
carence affective est le seul manque que reproche votre
serviteur à l’album. Manque qui a pour conséquence
que Skyline
society est un album qu’on se plait à analyser ou
disséquer avec le cerveau et qui se refuse à atteindre
le cœur. Mais gageons, au vu du potentiel de la
formation, que le meilleur est encore à venir.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
She's a Hero
02.
Golden
03.
(Jumpin' Over) The Fence
04.
Goodbye
05.
Meanwhile
06.
It's Important To Me
07.
Satellites Life
08.
Winter Grey
09.
Tired Wings
Durée
: 56
minutes
Date
de sortie
: avril
2006
Plus+
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