Anabelle Tahar a de
la chance. Elle
est née à
priori quelque part dans la seconde moitié du 20 e siècle.
Une époque où on se lance en art armé d’un quatre
pistes, ou
d’un ordinateur, plutôt qu’au travers d’expériences
hallucinogènes sous LCD hippies. Tant mieux pour la
famille d’Anabel. Tant mieux aussi pour l’auditeur qui se retrouve en présence
de cet Anabel’s
poppy day carrément barré, diablement inventif, un
brin irritant, et follement inclassable.
Parce que quand il s’agit de décrire
la musique de cette musicienne croisée sur Myspace
(encore une !) le chroniqueur nage en plein
embarras. Comment expliquer ça !
Rassurons d’abord nos parents : « non,
nous ne sommes pas partis en goguette façon Las Vegas Parano ». Mais Anabel’s
poppy day c’est un peu comme si Anabel
et Coldcut
partaient, bras dessus bras dessous, tirant derrière
eux le quatre-piste de Sonic Youth, pour rejoindre Richard
D. James dans la maison des Oumpa Loumpas de Tim Burton. Et oui, on sait, dit comme ça c’est une définition
plutôt perturbante.
Mais franchement, on en trouve
pas de meilleure pour décrire cette musique qui tire
ses sources quelque part dans un univers de petite fille
ou de manga, pille les codes de la techno bricolo d’Aphex
Twin et s’amuse avec ses airs angéliques et
fondamentalement pop, à abuser de formules enjouée ou
juste rigolotes. Pour interroger notre habitude
musicale. Ici les titres sont pléthoriques, les
refrains se coupent en leur faîte, les couplets partent
dans un sens puis sont ramenés dans un autre, ou encore
finissent dès qu’ils ont commencé. Les voix sont des
échos enfantins triturés, des instruments, de la matière
sonore, traités à l’instar des bidouilles sonores
qui sont par ailleurs usitées.
Etrange, barré, entraînant,
autant qu’agaçant et déroutant. Et le pire c’est
qu’on sait qu’avec ses 44 plages, Anabel
cherche à provoquer la réaction de l’auditeur, le
pousser dans ses derniers retranchements, le titiller
dans ce qu’il aime et ce qu’il déteste. Pour notre
part, on a failli décrocher bien souvent, mais on
s’est souvent raccrochés à des bribes de piste, à
l’ébauche d’un signe d’une direction… Puis on
est persuadé que pour arriver à plus de notoriété, Anabel
aura a canaliser le maelström d’idées et de sons qui
frémissent dans son chaudron… Mais on est persuadés,
- bisque bisque rage- , que ça aussi elle l’a prévu.
Denis Verloes
Tracklist
Alors là… à vous de jouer
01.-> 44.
Durée : 52’ 37’’
Date de sortie : 10/10/2003
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