musique

Syd Matters - Someday we will foresee obstacles

3rd side records/V2/Sony 

[4.5]

 

 

    Vainqueur émérite d’un concours organisé par les Inrockuptibles, Syd Matters nous gratifiait en 2003 d’un album nu-folk/folk-rock, a whisper and a sigh, à la superbe pochette et aux ballades anglophones qui tenaient autant de l’alchimie que du travail d’orfèvre. Le tout avec une aisance de home-studio qui, en plus d’ajouter un sentiment de proximité avec ces compositions tout en retenue et en efficacité, achevait de forcer le respect pour le jeune homme. La reconnaissance a suivi.

 

    L’écueil du second album pouvait poindre à l’orée de ce someday we will forsee obstacles. Plus de moyens, la latitude d’enregistrer dans un « vrai studio » et le recours à Yann Arnaud (Sébastien Schuller, Air, Cocosuma…) pour l’enregistrement et le mixage, la possibilité de s’adjoindre des bidouillages additionnels, des guest stars, des grand orchestres etc. On s’attendait presque à ce que Jonathan Morali se perde comme Alice au pays des merveilles dans un album ampoulé et boursouflé.

 

    Et… Non.

    

    Haut la main Syd Matters passe l’obstacle (jeu de mot facile) et revient s’imposer comme un tout grand de la musique folk contemporaine, française et universelle. Parce que Syd Matters est avant tout fan de la musique qu’il compose et des références qu’il digère. Radiohead ou Gorky’s Zygotic Mynci qu’il cite lui même ; mais aussi pèle mêle Devendra Banhart, Eels, Divine Comedy, Nick Drake… Autant de références qu’ils intègre et restitue par le prisme de sa vision personnelle de la musique et avec l’indéniable capacité à créer un univers sensible et touchant.

 

    Car c’est bien d’univers qu’il s’agit ici. Tout est conçu en ce sens dans we will foresee obstacles. La guitare en arpège continu, dont la fragilité est mise en évidence par le mixage. La voix grave et légèrement tremblante, mise en avant par une production qui a décidé de servir d’écrin. Les arrangements tout en retenue, qu’ils soient électroniques ou acoustiques (cordes, piano, triangle, scie) semblant soutenir une certaine langueur volontaire, sans surenchère aucune. Les apports et la maestria des musiciens additionnels qui rendent hommage aux compositions tout en retenue de Morali, en leur donnant une aura, une lumière plus grande, plus attirante. Les chœurs qui renvoient l’ascenseur à Euro Childs, frontman des Gorky’s sus-cités. La réverb’ maîtrisée qui donne de l’ampleur sans se la jouer maestro fat romantique,  ou pire, grand orchestre qui se la donne. L’ennui et le spleen enfin qui, comme dans un film de Wenders, poussent l’auditeur dans l’introspection et l’expérience de la résistance à la mélancolie sans pour autant verser dans le vain ou le casse-pieds.

 

   Un album atmosphère qui asseoit Syd matters dans un rôle de porte étendard du folk rock contemporain, et de la mélancolie revendiquée en blason. Puis qui sait, à l’instar du morceau caché en fin de plage 12, si Syd Matters n’a pas d’autres bottes secrètes à tenter pour l’avenir… en un mot : waouw !

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. City Talks

02. Obstacles

03. To All Of You

04. I Care

05. Someday Sometimes

06. Passe Muraille

07. Watcher

08. Lost Bird

09. Flow Backward

10. English Way

11. Middle Class Men

12. Motion + What Are You Looking At ? (hidden track)

 

Durée : 61’ 06’’

Date de sortie : 25/04/2005

 

> Réagir sur le forum musique

 

Plus+

www.sydmatters.com

Télécharger :

Fear of eights

Ecouter :

Obstacles

To all of you

English way