musique

Gnarls Barkley - St Elsewhere

Lex/Warner

[4.0]

 

 

Précédé par un buzz monstrueux entretenu par le web ou le seul hebdomadaire français traitant de musique, ainsi que par les taux de ventes numériques pharaoniques de crazy, premier single extrait de l’album St Elsewhere ; on attendait donc ce premier opus avec l’esprit critique qui sied à ce genre d’albums encensés. On tenait préparée l’aiguille, chargée de piquer la pâte pour dégonfler le soufflé.

 

Certes, certes Danger Mouse est un des producteurs les plus en vue depuis son travail avec MF Doom d’abord, avec Gorillaz ensuite… Certes, certes la voix et les textes de Cee Lo semblaient de bon augure à une réussite pour lui, ancien de  Goodie Mob ayant collaboré avec des personnalités telles Common, Outkast, Carlos Santana, Timbaland ou les Pussycat Dolls. N’empêche. L’album allait-il tenir la distance, avec la formule de son single introductif : soul + funk + RNB + gospel + drum n' bass = putain de single pop ?

 

La réponse est oui. Et Gnarls Barkley s’en sort, parallèlement à ce que Fatboy Slim réussit un jour avec you’ve come a long way, baby. Soit placer un album démocratique et orienté pop, en mélangeant drum and bass et saveur britpop, puis y alterner ensuite des hits potentiels avec des titres plus profondément travaillés, moins immédiats mais bichonnés jusqu’au moindre détail. La britpop, question de mode, a ici cédé la place au funk et à la RNB, mais la démarche réussie est la même. Danger Mouse y démontre un savoir faire indéniable pour plaquer un hit single sur lequel Cee lo plaque un gimmick vocal immédiatement retenu : crazy, transformer, the boogie monster, gone daddy gone… sont autant de prétendants pour l’assaut futur des charts numériques ou non.

 

A côté de ces bombinettes paramétrées pour l’assaut des charts, les deux bonshommes se laissent aller à peaufiner des atmosphères plus lugubres, à coup de voix gospel et de samples bien dark mais énormément bossés : St Elsewhere, just a though, de démonstration funk Marvin Gaye-ien façon Cee Lo : Who Cares ? de porn rap sur voix de stentor : On line  ou de pure jouissance drum and bass où Danger Mouse rappelle ce qu’il est capable de faire avec un bon son et une rythmique de feu : Go-go gadget gospel, necromancer ou storm coming.

 

Il est trop tôt encore pour savoir si l’album laissera une trace dans l’histoire de la Musique. Pour savoir aussi si le talent de Gnarls Barkley s’étiolera comme un jour celui de Fatboy slim, sacrifié sur l’autel de la mode qui passe. Toujours est-il que pour l’heure, en ce mois d’août 2006, St Elsewhere réussit un beau doublé : celui de vainqueur des albums qu’on a envie d’écouter en ces périodes estivales et d’opus RNB, RAP, Groove le plus diamétralement pop, qu’on ait eu à écouter ces dernières années. Et nous, on y revient encore et encore.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Go-Go Gadget Gospel

02. Crazy

03. St. Elsewhere

04. Gone Daddy Gone

05. Smiley Faces

06. The Boogie Monster

07. Feng Shui

08. Just a Thought

09. Transformer

10. Who Cares?

11. Online

12. Necromancer

13. Storm Coming

14. The Last Time

 

 

Durée : 37'30

Date de sortie : 23/05/2006

 

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