Paru
l’an dernier sans crier gare chez Jonson Family,
We lowered a microphone into the ground avait révélé
un duo attachant Reigns, un nouveau venu dans la
sphère des groupes poètes, qui savent raconter des
histoires irréelles sans à avoir recours à l’élaboration
d’un quelconque vers. Tim et Boo Farthing, la
fratrie originaire de Wessex qui se cache derrière
cette entité, avait prévu donner suite à cet album
inaugural sous forme d’un Ep, et s’est finalement résolu
à allonger la sauce pour donner ce Styne Vallis.
Comme
son prédécesseur, il nous (ra)conte une histoire
extraordinaire, au propre comme au figuré, une légende
relative à un village évacué puis inondé dans le but
d’en faire une réserve d’eau. En dépit des efforts
déployés pour maintenir la propreté sanitaire de ces
eaux stagnantes, celles-ci sont devenues poisseuses,
toxiques même, vraisemblablement en raison des nombreux
crimes et incestes commis par le passé dans la région.
Chacun
des 11 morceaux relate une histoire, un fait lié à
cette légende de cité lacustre. En un an, la
production devenue plus lêchée met plus avant la
qualité d’écriture d’un duo qui a affirmé son
caractère, n’hésite pas à légèrement accélérer
le tempo pour propulser son post-rock aérien mâtiné
de folk et d’électronique vers des paysages visités
par Epic45. Mais avec ses entrelacs répétitifs
de guitares et de piano, Styne Vallis s’avère
être un parfait compagnon du récent Harps old
master de Phelan & Sheppard, ou plus généralement
de State river widening, autre duo anglo-saxon à
l’identité versatile avec qui ils partagent cette
touche gracieuse, bucolique et pastorale. Reigns
enrichit sa musique de multiples claviers aussi
familiers et cinématographiques que ceux de Mark
Tranmer (Monsieur Gnac), de samples marécageux,
et de voix surnaturelles, affectées au point de les déshumaniser.
Pourtant,
ce disque spectral, basé sur une histoire au fondement
douteux et flou, n’a rien d’inhumain, bien au
contraire, c’est un poème tout droit sorti de
l’imaginaire humain, doté d’une belle puissance
narratrice.
Sébastien
Radiguet
Tracklist :
The
lost black mass footage
Afloat,
fly blown
Volcanoes
of Taiwan
The
three pockets
Wedding
of weed and dead weed
Chambers
Revised
map of the british isles
Spore
regent
Divorcee
Silver
eels of Styne
Rising
of the spire
Durée
:
44’15
Sortie
:
30 octobre 2006
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