Pinback
- Summer in Abaddon
Touch
& Go/chronowax - 2004
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Note au lecteur : débuter une chronique d’un album de
Pinback c’est avoir la certitude qu’on se
vautrera dans une complaisance honteuse. Oui, on aime ce
groupe depuis déjà deux albums : les somptueux this
is a Pinback CD et Blue screen life. Dès
lors, sous peine de nous condamner pour impartialité
c’est en analysant les points forts puis faibles du
nouvel album de Zach aka Armistead Burwell
Smith IV et Rob Crow , from San Diego USA que
nous tenterons d’éviter l’écueil.
Au rayon "retour des amis absents" notons que
ce nouvel opus ne laissera pas les fans de la première
heure (ceux qui avaient réussi à passer outre
l’obstacle d’une distribution pour le moins
confidentielle par le label cutty shark pour nos
régions) complètement dépourvus : dès la première
note on sait ! On est bien dans un nouveau Pinback.
On le sait d’autant mieux qu’à
l’instar des deux autres opus, on est tout d’abord
un peu déçu. On à une impression de fadeur, de vacuité,
d’inutilité du propos, malgré ses penchants rock
affirmés… Comme à chaque fois balayée par une
seconde une tierce ou une millième écoute. La mollesse
est une forme de mélancolie, la
fadeur une tristesse muée en larme de colère ou
de défaite, la vacuité un sentiment, l’inutilité du
propos une ambiance. D’autant plus revendiquée dans
le présent album que même le titre et le joli digipack
en forme d’ombres et de barreaux évoquent le gouffre
des enfers, le lieu de désolation et de désertification
de l’âme, de la création,
dont est sortie la bête vengeresse (… Ou alors
c’est une petite ville de Pennsylvanie, mais dans ce
cas mon analyse est caduque)
Dans la section bonnes nouvelles signalons le retour
pour cet album des enchevêtrements complexes et subtils
qui se lovent et se détricotent au fil des écoutes.
Les instruments s’entrecoupent, se superposent, se répondent
et se décroisent. Entrelacs qui
viennent soutenir le jeu de ping-pong atmosphérique
entre les deux timbres de voix si reconnaissables et aériens
de Zach et Rob. Le gimmick, faconde
pop/rock du groupe, est roi. Il oblige toujours
l’auditeur à aller pousser la recherche au fond
de la tanière sonore, mais
fournit à l’album son lot de tubes indé mélancoliques
et sombres ou contraire vifs et aériens.
La production est encore, à notre sens, plus léchée
que sur les précédents essais. Les instruments sonnent
clairs, chirurgicaux, mais évitent le piège d’un son
trop clinique et sans âme. Difficile d’imaginer les
deux hommes au milieu d’un home studio… Et pourtant.
A pointer aussi, le travail sur la stéréophonie.
L’album prend de l’ampleur au fil d’une écoute au
casque. Certaines ballades qui hésitaient à se montrer
lors des premières écoutes acquièrent leurs lettres
de noblesse dans le répondant entre le pavillon gauche
et droit. Impressionnant.
Le jeu des instruments fait évidemment la part belle à
la guitare et à cette si reconnaissable session
batterie basse, éléments les plus pop de la formation.
Le jeu musical enfonce plus encore le tracé des précédents
albums, dans une continuité sans redite: summer in
abaddon explore les parts d’ombres comme jamais
auparavant, dans un Abaddon sémantique synonyme de
disette créative et de souffrance corporelle que Pinback
sert sans le caricaturer. Notons que Pinback a recours
de manière plus systématique à l’orgue et au piano,
dont les gimmick soutiennent la mélodie et dont la
douleur autant que la portée rythmique semblent fait
exprès pour servir le propos d’un groupe en pleine
maturité artistique et émotionnelle.
Pour ce qui est de mauvaises nouvelles… A non tiens…
Aucune.
Quand
on vous disait qu’on ne serait pas objectifs !
Denis
Verloes
Tracklisting :
01.
Non-Photo Blue
02. Sender
03. Syracuse
04. Blood On Fire
05. Fortress
06. This Red Book
07. Soaked
08. 3x0
09. The Yellows Ones
10. Afk
Durée :42’
08’’
Date
de sortie : 12 octobre 2004
Plus+
www.pinback.com
www.touchandgorecords.com
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