Comme
Miossec dont
on a dit cet été 2006 tout le bien qu’on pensait de
son l’étreinte,
on a un peu relâché l’attention pour les
nouveaux albums de notre Auvergnat préféré en rock
and roll. En fait, on a du le relâcher le mord après
l’avoir vu effectuer un numéro calamiteux de
provoc’ post punk sur le plateau de je ne sais quelle
émission sur Canal + pour illustrer la sortie de son
n’ième album paru chez EMI/Labels, selon le principe
de "un album tous les six mois". Parce qu’en
fait, et tant pis si on se fâche avec une partie du
lectorat, depuis le
moujik et sa femme on a beaucoup de mal à se dire
que les albums de Jean
Louis sont parfaits et qu’il n’y a pas de
morceaux de gras dans ses récents albums, dont on
aimerait se passer. Et dans ses prestations
promotionnelles également.
Parce
que oui, on s’était pris de sympathie pour l’échevelé
aux yeux bleus, auteur du fabuleux Mustango.
Et qu’on avait du coup d’autant plus de mal à
devoir avouer qu’on était pas fans des bird
on a poire et consort. Viré (euh non séparé) de
chez EMI Jean-Louis
Murat abandonne pour un temps son projet bisannuel
et trouve refuge chez V2 pour ce Taormina.
Pour sa réalisation, il s’est enfermé dans son home
studio avec ses musiciens habituels, soit
Stéphane Reynaud et Fred Jimenez
à la rythmique, Christophe Pie à la batterie
et use même, pour l’occasion, de l’organe de
Laure, sa femme réquisitionnée aux chœurs.
Le
résultat de cet album de potes réunis à la cool,
c’est un vrai retour aux racines folk Muratiennes
et du blues américain de Tom
Waits, pour n’en citer qu’un. Bien sûr il ne
s’agit pas de l’album qui nous donne à entendre un JLM
transformé ou explorateur de nouveaux horizons. On
reste dans le chemin
des poneys balisé jusque là par le bonhomme,
explorant son inspiration bucolique et cul-terreuse,
plutôt que sa veine de poète automatique de
la pop. Et
pourtant de cet enregistrement relâché on retient la
manière dont sonne la guitare langoureuse et dont
caresse la voix apaisée de Jean-Louis,
sur des paroles traitant de la vie, de la mort et de
choses qu’on ne comprend pas. Du grand art, qui n’a
rien à envier au registre américain où il semble
s’abreuver, d’autant que son blues à lui, c’est
à Taormina en
Sicile qu’il est allé le ressasser avant l’écriture
de l’album. Et si Taormina
n’est pas le chef d’œuvre que la presse musicale
francophone tend à nous vendre, il est en tout cas une
jolie preuve qu’il faut encore compter avec
l’Auvergnat. Avec son petit univers en clair obscur,
en aplats de gris. Mieux encore, au travers de l’abscons
caillou, par
le biais
d’accueille moi paysage, par sa manière de jouer
de la guitare et par sa façon de l’enregistrer on est
persuadés aujourd’hui que JLM en a encore sous le
coude et serait encore bien capable, canalisé, de nous
pondre l’un ou l’autre chef d’œuvre. Pour ce qui
est de Taormina, ce n’est pas encore universel et ça
doit encore beaucoup à une affaire de goût personnel.
N’empêche, ça aurait pu être carrément pire.
Denis
Verloes
Tracklist :
01.
Caillou
02. Le chemin des poneys
03. Taormina
04. Au dedans de moi
05. L'heure du berger
06. Est-ce bien l'amour
07. Maudits
08. La raie manta
09. Billy
10. Demaries
11.
Accueille-moi paysage
12.
Gengis
Date
de sortie : 28/08/2006
Durée :
46’ 00’’
Plus+
www.jlmurat.com
www.taormina.fr
|