musique

Kid Loco - The Graffiti artist

Mettray Reformatory/Chronowax

[3.5]

 

 

    Il est toujours délicat l’art de la bande originale. On s’est souvent dit que la musique de Kid Loco avait un coté indéniablement filmique. Il nous semble dès lors plutôt logique de le retrouver à l’exercice de commande du score d’un film artie. Dans le film the graffiti artist, le réalisateur raconte l’histoire d’un adolescent qui ne vit que par ses graphes, comme ça, en autarcie de petits vols et de menus larcins, sans plan de carrière ni but social autre que sa vie au jour le jour, misanthrope, et la quête du graphe parfait. L’histoire raconte aussi comment ce solitaire rencontre l’amitié et la perspective…

 

    Comme on a pas vu le film on évitera de se pencher sur l’adéquation entre la musique et le film. Kid loco nous livre ici un bon instrumental, étiré sur 8 pistes, où les consonances extrêmes orientales sont récurrentes : cithare, tablas et clarinette/trompette en tête;  et où un même thème tout en gimmick rebondit de plage en plage. On n’analysera pas non plus l’œuvre à l’aune de la production traditionnelle du musicien car, écrin du film qu’elle sonorise, cette bande originale semble se plier, dans l’ensemble, à certaines directives thématiques qui paraissent brider largement l’esprit d’originalité du Français.

 

    Œuvre à part dans la discographie de Kid Loco, œuvre moins personnelle aussi, la bande originale du film the graffiti artist demeure pourtant, dans l’ensemble, une bande son agréable qui existe même sans avoir vu le film. Reposante en diable (à ne surtout pas écouter au bureau à l’heure de la digestion, effet sieste à redouter), les sonorités indiennes et les nappes soniques qui maintiennent l’édifice  y ont une véritable vertu apaisante, tandis que les beats presque trip hop rappellent le déjà bon vieux temps. On imagine en souriant, quelque ashram pour 68tards attardés où le mélange étiré (15 / 20 minutes par titre) des trois première plages entre électronique et world musique feraient miracle. On y pointe avec respect, l’efficacité de Kid Loco à attiser le crescendo d’attention et de sensation au sein d’un titre, avec des finales pleines de sens et de tension qui tendent la main au début de la plage suivante.

 

    Au final une bonne BO, qui prend sans doute plus d’ampleur à la vision du film, mais ne démérite pas en tant que pièce singulière de musique électro teintée de World musique. Une bonne BO qui ne démontre pas forcément tout le talent de Kid Loco, mais qui crée un univers propre et bien torché, avec des recettes pourtant éculées en musique électronique.

 

Denis Verloes

 

Durée : 63'00

Date de sortie : mai 2005

 

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