Avec ses trois disques pleins à craquer, soit
3h40 de musique pour pas moins de 40 morceaux, The
beautiful season has past s’avère être un
exercice compilatoire remarquable, dont le label Rroopp
a décidé de se faire le spécialiste. Un travail de
fouille qui force l’admiration et a de quoi faire
tourner la boule aux admirateurs de Jon Attwood,
âme solitaire et hyper-prolifique de Yellow 6.
Dans ce bel écrin enfoui sous une neige
scintillante, se trouve une pléthore de morceaux rares
composés entre 1996 et 2004, issus de singles, splits,
chutes d’albums, compilations "labellisées"
ou offertes avec des fanzines, voire d’on ne sait où
exactement (l’auteur lui-même avouant ignorer
l’existence de quelques titres). Bref, une aubaine
pour les collectionneurs et aficionados, d’autant que
le coffret retrace brièvement le parcours de Jon
Attwood et offre des notes explicatives concernant
la genèse de chacun des titres, de quoi rassasier les
plus curieux.
Malgré cette abondance et ces origines
multiples, cette compilation gargantuesque conserve une
cohérence exemplaire, et ce parce que Yellow6 a
toujours suivi une ligne artistique qui lui est chère,
que l’on situera de manière simpliste entre un
space-rock vaporeux, et une ambient contemplative
finement rythmée où les guitares sont princières.
Qu’elles soient acoustiques (de temps en temps) ou électriques
(systématiquement), Jon en exploite toutes les
ressources, use d’effets multiples pour soit étendre
de longues nappes ouatées, envelopper ses morceaux dans
un épais brouillard, soit égrainer des notes éparses
qui n’ont de cesse de résonner.
Les climats sont ici changeants. Ils peuvent
être obscurs, être le reflet d’un certain désespoir,
d’une âme troublée (Hold:up, Unknowing A)
et rappeler en cela l’époque Disappear here.
Ou au contraire s’illuminer, mettant en avant des
boucles de guitare luminescentes, pour évoquer une
filiation avec les instrumentaux des géniaux Epic 45
(Series 2, Depth, Naming stars).
Alors que certaines compositions font appel à un
travail axé sur les drones et les nappes, notamment sur
la seconde moitié du deuxième CD, d’autres sont étonnamment
enlevées (toute proportion gardée), comme Normalize
et sa ligne de basse chantante, que l’auteur aime à décrire
comme une version dansante de Bark Psychosis, ou
encore Cale et le délicieusement noisy Milestone.
Difficile voire impossible de passer en revue
chacun des morceaux ici présents, mais on dénombre
probablement parmi eux quelques-uns des plus beaux
titres jamais écrits par Jon Attwood, et
ceux-ci, outre la mine qu’ils représentent pour les
fans du genre, constituent une belle entrée en matière
pour quiconque ne connaîtrait pas l’univers du
bonhomme.
Un univers embrumé dans lequel on plonge un
peu comme on se lance dans la traversée du Grand Nord :
on s’y engage tout en sachant que les sensations perçues
seront multiples, allant de l’émerveillement, à la
perte de notion de temps, en passant par l’abandon, le
découragement, l’espoir, le rêve, l’étourdissement…
Si son titre nous indique que la belle saison
est passée, la saison grise et froide qui s’annonce a
trouvé dans cette triplette une bande sonore adéquate.
Sébastien
Radiguet
Tracklist
:
CD1
(Durée : 77’) : Series1 – Hold:up – Series2
– Summersend – Leaving time – Unknowing A -
Unknowing B – Onecertain#4 – The room –
Improvisation#1 – One – Rain (again) – Depth –
Normalize
CD2
(Durée : 68’50) : N.Y.E. – Even – Cale – Self
distract – Light dome II – Icanhear… - Color –
Delivery – Part1 – Sodium – Taught – Red velvet
box
CD3
(Durée : 76’20) : Final piece A – Final piece B –
Naming stars – Object#1 – Perception received –
Milestone – Machine – La cave – Amber – (The
first) of winter – Grey#1 – Grey#5 –
Redlightcamera – Expressway427
Date
de sortie
: juin 2006
Plus+
Rroopp
Yellow6
mp3
Series2
N.Y.E.
Expressway427
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