Anaïs
- The cheap show
V2/SonyBMG
[3.5]
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Quand débute même si la vie c’pas du foie gras,
on a l’impression d’avoir interverti notre pochette
de cd’s avec celui de notre voisin de bureau… On
m’a refourgué un live de Linda Lemay… Puis
au fil de la chanson, on comprend. Anaïs est facétieuse
et potache. Elle imite la Canadienne avec une aisance
bluffante. Qui aurait pu se douter que c’est ainsi que
la Grenobloise Anaïs Croze ex-membre de Opossum
et découverte avec ces derniers du Printemps de Bourges
2003 ? Quand elle officie en solo, prend la musique
du côté sourire et proche de la tradition des
chansonnier (ou du music hall tiens pourquoi pas).
Franchement, décrit comme ça, on songe plus à un
clone de Laurent Gerra au féminin et on se
demande quelle mouche a bien pu piquer votre serviteur
de relater ce genre d’albums dans Benzine.
Oui,
on passe à un cheveu du mauvais goût ; parce
qu’un premier album, enregistré en live, ou le
soliste se targue d’imiter la Lemay, d’enquiller
avec un rap de ghetto façon Diam’s beatboxé
à la bouche ; de poursuivre avec une version
buccale de biniou breton ainsi qu’une reprise sans
instrument du tube de Justin Timberlake ça peut
franchement tomber dans le naze et non avenu.
Et
pourtant non, D’abord parce que ces passages de
gaudriole post adolescente sont des intermèdes de
courte durée, placés là pour accroître l’audible
connivence entre Anaïs et son public
marseillais. Quand elle s’éloigne de cet exercice de
style drôle mais sujet à caution, Anaïs prouve
au travers de ballades toutes simples :
guitare-voix, qu’elle maîtrise le second degré et
l’humour ironique d’un Delerm ou d’une Jeanne
Cheral. Avec un truc en moins, et un truc en plus.
Le truc en moins, qui évite la comparaison avec la
proclamée nouvelle chanson française, c’est la
capacité des textes à creuser plus profond le
quotidien ou l’apparent vécu de la protagoniste.
Quand on souffre, on y souffre avant d’en rire ;
quand on baise on baise ; quand on s’y fait
tromper, c’est bien en profondeur, par un mythe
d’infirmière qu’on a envie d’étriper. Bref, une
capacité textuelle qui transcende en ironie drôle ou
grinçante les difficultés et les heurts du quotidien.
Pas bobo pour deux sous quoi, pas de poésie, pas de
pause artie, pas de lissage ; du cru, du direct du
à peine redessiné.
Le
truc en plus, c’est la capacité des ballades d’Anaïs
à tâter du blues, de la pop à guitare ou du rock. Le
tout brut de décoffrage et sans aucun arrangement.
Gageons que si Bénabar réussissait à avoir un son
aussi cool de rockeur, on le respecterait plus. Anaïs
introduit l’humour dans le rock habitué par ailleurs
à plus de boutons d’acné et plus de thématiques génériques.
Et puis, il faut dire aussi que la voix de la soliste
particulièrement mélodieuse et riche (capable de
monter, descendre, de poser une pureté sur ses ballades
et de la hargne dans ses blues) est un atout de taille
dans son « petit supplément d’âme ».
Elle lirait le botin qu’on la trouverait encore crédible.
Bref,
avec ses trucs en moins et en plus, la soliste au
premier album qui est un live, réussit une galette ou
l’humour, la bonne humeur, embrassent le rock et la
pop. Et, si on n’en ferait pas notre tasse de thé
quotidienne, il faut reconnaître que pareil souffre de
fraîcheur dans le formatages de niches ambiant… Et ça
fait un bien fou !
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Même si la vie c’pas du foie gras
02.
Mon cœur en amour
03.
Elle sort qu’avec des blacks
04.
Christina
05.
Intermède : pendant ce temps là en Ecosse
06.
La vie est dure
07.
Rap collectif
08.
Je t’aime à en crever
09.
Intermède : Pendant ce temps là sur MTV « rock
your body » (C.Hugo/ P. Williams)
10.
B-B Baise moi
11.
Bad blues player
12.
la plus belle chose au monde
13.
Mon cœur mon amour (Nouvelle Version)
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Piste vidéo
Durée
: 59'04
Date
de sortie : octobre 2005
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