Jellybears
- The lollipop palace 1/2
Time
Tunnel - 2004
|
|
|
|
La
vie est injuste. C’est la première phrase qui me
vient à l’esprit en terminant l’écoute de ce réjouissant
album des bordelais de The Jellybears. Annoncés
par leur maison de disque comme un avatar à guitare de
Yann Solo, The jellybears aurait été cryogénisé
dans les années soixante, et décongelé pour
l’enregistrement d’un album il y a quelques mois…
Et c’est dommage à plusieurs égards. Parce qu’on
se rend compte, une fois de plus, que les phénomènes
de mode se présentent en argument de vente avec
lesquels il faut composer. A l’heure du retour du
garage 70’s, des caricatures de rock FM façon Europe
ou simplement 80’s; il semble obligatoire de dédouaner
par cryogénisation, un groupe qui porte haut les
couleurs de la pop anglaise des années 60. Car The
Jellybears, c’est avant tout un groupe pop-rock
qui glisse dans les chaussures jamais froides des Beatles
ou de The Jam. Un groupe qui récupère, sans les
singer totalement, les tics vocaux (même si l’accent
est un peu hésitant) du fab four, les doubles voix façon
Lennon-Mac Cartney, leurs guitares rythmées,
sans prouesses outrancières et les enchaînements
ternaires de batterie, propres à la pop anglaise. A peine ont-ils durci le son à la faveur du bouton "disto"
de leurs amplis, à peine ont-ils musclé leurs
compositions sous l’inspiration sans doute de groupes
plus récents plus « nature », plus punks…
Housemartins et Buzzcocks en tête. Et le
tout fonctionne très bien. Avec ou sans effet Hibernatus.
Le
deuxième «dommage» provient également de ce constat
de surpuissance de la « mode ».
A l’heure du "gros son" lo-fi
mais surproduit façon Franz Ferdinand et des
gesticulations second degré de The Darkness, que
peut espérer un groupe qui se shoote à coup de son pré-hippie,
qui pince sa voix à la limite du nasillement, qui use
de chœurs de cuivres façon Madness et propose
une pop mélodique sautillante, entre shoegazzing et
Britpop ? Rien. Ou pas grand chose, passé un
cercle de convertis et de nostalgiques tels votre
serviteur… La maison de disques contourne l’écueil
de l’inadéquation en évoquant l’effet « freezer ».
Et nous de maudire le savant fou qui a construit cette
machine à remonter le temps machiavélique. Eût-il
propulsé le groupe en 1994, quand la France musicale
cherchait son champion, quand Oasis et Blur
fourbissaient leurs premières armes; gageons que The
Jellybears aurait connu une reconnaissance proche du
pinacle, et aurait donné du fil à retordre aux anglais
de Supergrass.
A peine auraient-ils du, peut-être, trouver
l’un ou l’autre gimmick accrocheur qui font un peu défaut
à lollipop palace. Malheureusement,
c’est 2004 qui pointe le bout de son aiguille au
compteur… Oasis
et Blur ont connu leur heure de gloire avec la
remise en avant de la pops anglo-saxonne façon années
soixante. Puis ils sont passés à autre chose. Supergrass
oscille toujours entre psychédélisme et punk music…
Et lollipop palace paré de son très original
packaging façon "pop-up"’ risque de
passer inaperçu en radio, pour cause d’apparente inadéquation
aux tendances et par effet « retour de vague ».
Et pourtant… "ça le fait !" rétorque le
chroniqueur en maugréant sur la vacuité du monde
moderne et la toute puissance du marketing sur les goûts
des amateurs de musique et
des décideurs de la bande FM.
Denis
|