Electrelane
- The power out
Too
Pure/Beggars - 2004
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Produits par l’incontournable Steve Albini, les
4 jolis anges de Brighton UK donnent suite à un premier
album instrumental fait de loops et de mélodies à
rallonge, un peu lassantes à force. Malgré cet à
priori pas franchement valorisant, on pousse la porte de
ce disque avec prudence.
Et on croit d’abord s’être trompé. Oops
on a lancé emperor tomato ketchup de Stereolab.
Ah.. Non
tiens : Gone under sea s’appelle la
chanson. On se demande si Laetitia Sadier n’a
pas remplacé, en français, une des quatre filles au
pied levé tant il y a des ressemblances vocales entre
les deux formations. La guitare prend vite le pas sur
les orgues du premier album d’Electrelane et
sur Stereolab d’ailleurs. La voix
anglaise et la batterie martelant la cadence en seul véritable
rappel. Le disque continue sa progression et va titiller
du blues-rockab’ dans la pure tradition des US
composers à la John Spencer. On parade.
La production très douce arrondit les angles
de ce qui serait ailleurs une très rageuse chanson, et
fabrique ici un très bel hymne pop chanté d’une voix
qui montre parfois ses féminines limites. The
Valleys rappelle l’orgue au service d’une
chanson qui s’organise autour d’un chœur de filles
et de contre-tenors. Sublime, étrange, autant que passéiste.
Birds invoque dans un solo de guitare cajoleuse
et une rythmique simpliste un peu de ce romantisme qui a
fait les beaux jours du Stereolab des premiers
albums. Changement de couleur musicale avec Take the
bit between your teeth qui ne jurerait pas sur un
album de Thurston Moore , tandis que le jeu de
voix féminines apportent un supplément de rage
bienvenu –d’où la sympathie de Le Tigre ?-.
La production moins propre mais toujours
aussi ronde apporte sa pierre à ce mini édifice rock. Oh
Sombra nous la fait à l’envers et en espagnol. Le
rythme redevient stereolabien avant d’évoluer
vers plus de rock et un point limite pour la voix de la
chanteuse. Retournant ! En seulement 2 min 50 ! Windmill
pour sa part rappelle étrangement la musicalité pop et
countrysante à la fois, de Stephen Malkmus quand
il opère en solo. This deed en allemand (?)
monte en spirale de claviers vers des choeurs éthérés
et une batterie new wave. Hypnotique, le titre reste en
tête plus que de raison, et éclate en guitare
distordue, charleston, crash ride et splash… Même
entrée en matière, mélange de new wave et de
claviers, pour Love builds up sans parole.
L’hypnose retrouve ici ses marques et la mélancolie
son terrain de jeu. Même point de départ pour Going
out again, où de subreptices paroles viennent émailler
une rythmique groove faite de clavier et de guitares/
batterie. On croyait ne jamais trouver ces composantes
que chez Primal Scream, de qui on rapprocherait Going
out again, si n’émanait pas cette étonnante
atmosphère eighties qui plane sur le titre. You make
me weak at the knees referme ensuite cet album, en
allant puiser des sonorités plutôt jazz ou piano bar,
triturées dans le sens du collage ou de la réflexion
pop. Electrelane nous quitte sur une boutade,
sans plus dire un mot.
Album mélangé, faits de genres musicaux très différents
dans le monde de la pop et du rock, The power out
s’impose au fil des écoutes. Bigarré sans être
fourre-tout, l’album est passé de deux benzineuses étoiles
cinquante, en première écoute, à trois étoiles quand
les mélodies se sont imposées d’elles-mêmes. Il a même
acquis quatre étoiles, consécutivement à une écoute
au casque qui a fait ressortir les détails de la
production.
Réjouissant.
« Groupe adulé par Sonic Youth, Broadcast,
Primal Scream, Le Tigre et Death in Vegas »,
dit la promo presse. On aimerait un instant
être Thurston, Bobbie et les autres pour
que notre avis assure à l’album une belle carrière
dans vos discothèques.
Denis
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