musique

Venus - The red room

Tôt ou tard/Bang/Warner

[3.5]

 

 

On suit, un peu malgré nous, les aventures du groupe Bruxellois depuis ses débuts. Du tube de Radio 21 She’s So Disco, et la scène du Botanique transformée en salon 70’s, au tube de Oui FM et radio Contact Beautiful Days. On sait le chemin parcouru, les modifications de line up, la volonté de Marc Huyghens de s’absoudre constamment du « tout pour la pop » qu’augurait pourtant les singles radiophoniques. On sait aussi que l’homme se plait à détruire le gimmick sur scène dans une attitude rebelle (?) artistique (?) qui personnellement nous passe un peu au dessus, mais bon. Huyghens affiche son déni de la voie toute tracée, et flirte avec le succès d’estime en faisant mine de ne pas y toucher. Gageons que le désinvestissement de EMI pour la distribution française a du lui fournir une preuve de plus de son parcours artistique / atypique.

 

Étonnamment, alors que Tôt ou tard est généralement le repaire de jazzy jazzeux et autres folkeux francophiles de qualité, c’est avec un album bien éloigné de la folk classieuse de Vertigone que revient Venus. Tout est ici affaire de composition pour guitare électrique. Mais foin de pop radiophonique pour autant. Dans sa panic room, Venus s’est retranché pour composer un album fortement inspiré par le blues et les envolées bruitistes du débuts des nineties. Un peu comme si My bloody Valentines n’avait pas été amateur de nappes sonores, mais aurait chipé les références citées depuis par Jim White des White Stripes. Soit un rock sans gimmick, un brin claustrophobe, carrément hanté par les démons, chargé d’histoire, capitonné dans la mélancolie beaucoup, et la rancœur un peu.

 

Les titres apparaissent massifs, d’abord lisses à qui entreprend de les escalader. Pire, l’oreille distraite ira même jusqu’à critiquer l’accent francophone du chant en anglais et le côté cadenassé, répulsif, de l’ensemble. A coups de piolet volontaires et d’une bonne dose de réécoutes, on se rend compte pourtant de la finesse des compositions derrière la chape de plomb qui pèse sur l’album. On repère la justesse de l’agencement de la voix infernale d’Huygens, la place calculée des guitares dans le mix, le rôle des violons ou des cordes, la rythmique très pornography de Cure de la batterie… et ce qui apparaissait à la base comme un disque austère, suicidaire, dévoile peu à peu de son intransigeante efficacité.

 

Le taux d’adhésion final dépendant en fait de la volonté ou de la capacité de l’auditeur de s’acquitter des écoutes sans se lasser préalablement de l’exercice. Et on avoue, de notre côté, on a baissé les bras sans doute un peu trop vite.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Here & Now

02. Everybody Wants To Be Loved

03. Love And Loss

04. Mother’s Voice

05. Underwater

06. Everything That Rises Must Converge

07. The Red Room08 Add Stars To The Sky

09. Who The Fuck Gave You This Invitation ?

10. The Northern Cross11 I Spoke Too Soon

12. Poison13 Unknown

 

Durée51’42’

Date de sortie : 18/04/2006

 

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