Liars
- They
Were Wrong, So We Drowned
Black
first/ Labels – 2004
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Voici
un groupe qui, s’il bénéficie d’un minimum de
promotion correcte, devrait s’imposer chez les
amateurs de gros son industriel, comme chez les amateurs
de punk et de bidouillages électroniques ; à
l’instar de ce qui semble se passer de l’autre côté
de la Manche. Le NME, à la sortie du premier album de
la formation paru en 2001, parle de « tesson de
guitares chevauchant des envolées précises et affolées ».
Franchement, on ne trouve pas meilleure expression pour
évoquer ce trio brooklynois, mélange hybride de
guitaristes nebraskais et d’un chanteur en provenance
de Melbourne.
Alors comment décrire mieux le style de musique qui
nous percute les oreilles au fil de l’album ? Les
détracteurs parleront de metal ou d’industriel râtée,
mâtinée de rock et …Beurk ! d’un certain
groove plutôt électronique et funky. Plutôt sombre en
tous les cas. Un de ces albums qu’on réserve aux
jeunes filles en khôl et piercing au milieu du labret,
des oreilles et du nombril. Une version indée de Marilyn
Circus Manson. ou trop électro de Nine Inch
Nails époque électronique…
Les amateurs quant à eux parleront de crossover entre
un certain jazz et des sonorités industrielles obtenues
au moyen de guitares martyrisées ou d’effets électro
en fonction des morceaux. Les férus ajouteront que le
jeu de scène du groupe n’a rien à envier ni au plus
garage des groupes rock, ni au plus contestataire des
groupes punks. Une déferlante visuelle et sonore à ce
qu’il paraît.
Les analystes objectifs essaieront quant à eux de
prendre entre ces deux points de vue, un juste milieu.
Les Liars hésitent tout le temps entre rock à
guitares distordues classique - arrangé à la sauce
d’une voix "Aerosmithienne" - et atmosphères
plus sombres, presque gothiques obtenues au moyen
d’effets électroniques mélangés : les fameuses
pédales dont use le chanteur sans en abuser. Le résultat
fait effectivement penser par moments à certains
passages industriels des vieux albums de NIN qui
aurait découvert l’ordinateur sans lui vouer un
culte. Par moments, quand le rock choppe l’atmosphère
dépressive qui colore tout le disque, on se prend à
penser que l’album pourrait être la réussite de
genre que Marilyn Manson, perdu entre vedettariat
et MTV, n’arrivera jamais à produire. Aurait-il pu le
réussir? Pas dit. Il y a chez les Liars une évidente
connaissance des classiques d’un genre dont ils déforment
la quadrature. Une connaissance et une imagination moins
stéréotypée qui emmène le groupe à la découverte
de mélodies complexes, quoique torturées, énergiques
quoique sombres… Manson en a-t-il jamais été
capable ?
Un album en forme de crossover malin, mélange d’indus
et d’électronique. Intriguant, comme l’était
l’année dernière le mélange de dance et new-wave du
groupe The rapture. Toutes les compositions sont
originales, et certaines diaboliquement efficaces et
innovantes. Et comme toutes les créations de ce genre
il n’existe que des avis tranchés. Soit on aime, soit
on rejette en bloc. Moi j’ai choisi mon camp !
Denis
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