Début 2006, on a beaucoup parlé
dans le Landerneau, et ici même via notre webzine, de
l’entrée en scène des Anglais de Guillemots.
Leur premier EP From
the cliffs laissait entrevoir un album sinon
grandiose au moins prétendant au titre des albums qui
comptent en 2006.
Et s’il n’est pas à notre
sens l’album qui changera finalement définitivement
la face de cette année musicale (mais est-ce encore une
notion qui fait sens au vu des « niches »
musicales qui se multiplient au fil des jours) ; il
faut lui reconnaître un vrai pouvoir de différenciation
par rapport au rock revenu en force ces derniers temps
sur le panel de chroniques.
Ce qui frappe de prime abord dans
ce premier album, à l’instar de celui des New-Yorkais
de The Isles,
paru à peu près à la même époque, c’est de réussir
la gageure de placer un album de très bonne facture,
auquel on a envie de revenir, avec un mode de
composition cependant très classique. Un mode de
composition qu’on a déjà eu l’occasion de croiser
précédemment du côté des ballades pop du Radiohead
première mouture, quand Thom
Yorke hésitait entre flamme vocale et modulation à
la U
2. Une forme simplement
pop, faite de ballades émotives sans force gimmicks,
mais plein de conviction, sur lesquels des groupes comme
Keane et Travis
on fini par dessiner le sceau de l’infamie. Dans ce
genre, Guillemots
se hisse haut la main, flirtant avec la soupe vocale du Johnny Logan irlandais des années 80, sans jamais commettre le faux
pas qui placerait le groupe du côté de la boursouflure
irréparable. Tout est ici léger, serein, apaisé et
parfois guilleret façon pop. On se surprend, à
dandiner de la tête au son de ces mélodies
sympathiques, et se rappeler que cette fraîcheur faite
de romantisme charmant était exactement ce qu’on
aimait dans les premiers albums de The
Divine Comedy.
Le second point fort de la
formation et de ce premier album, c’est d’avoir joué
en studio avec différents éléments permettant
d’enrichir le son frais mais pas primesautier. Un
synthé par ci, un chœur éthéré par là, quelques
sons de rue, un vieux gramophone diffusant un cuivre
lascif, des cloches chipées à Big Ben… qui se
disputent la part d’inventivité avec la façon qu’à
Guillemots
d’aller rompre le schéma figé de la pop anglaise, en
y insufflant ici un poil de groove, une couleur jazz, un
croon de bar lounge, un soupçon de soul music, un
fifrelin de concours Eurovision, une brassée de folk
norvégienne, une méga dose de classe.
Au final un album attachant,
fondamentalement semblable à plein d’autres déjà
entendus, dans sa structure ; diamétralement différent
dans son approche aventureuse, décalée, riche. Une
manière d’aborder un matériau simple et convenu pour
en faire une œuvre d’art. On est conquis.
Denis Verloes
Tracklist
01.
Little Bear
02. Made-Up Lovesong #43
03. Trains To
Brazil
04. Redwings
05. Come Away With Me
06. Through The Windowpane
07. If The World Ends
08. We’re Here
09. Blue Would Still Be Blue
10. Annie, Let’s Not Wait
11. And If All...
12. São Paulo
Durée :59’54
Date
de sortie : 26/09/2006
Plus+
L’espace
Myspace
Le
site officiel
"Trains
to Brazil" sur Youtube (et quelques autres titres)
La
chronique de "From
the cliffs"
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