Modey
Lemon - Thunder + lightning1/2
Mute/Labels - 2004
|
|
|
|
Sur
le papier, ça sonne comme une bonne idée. Voilà un
groupe qui mélange
l’humour noir à la Cramps, une poésie à la Doors,
des penchants expérimentaux à la Suicide, le
tout porté par une esthétique inspirée de la
mythologie... Un groupe qui distille avec efficacité
son blues-punk aux accents de Stooges, Jon
spencer blues explosion ou Can…
En pratique, effectivement le groupe pratique sur ce
second album le blues-punk-hard rock avec une rare énergie.
Un mélange pétaradant à la limite du blues barré et
groovy de Jon Spencer, des nappes de claviers des
Doors et du rock garage version côte ouest façon
Kings of Leon mettons.
Le
tout servi par une voix proche du rock dur qui tâche ou
de la pop râclée des Black Crows. Le titre
d’ouverture Crows est à ce titre une pure
jouissance. Ca tape, ça cogne et ça donne envie de
sauter dans tous les sens comme on le faisait devant la
glace, s’imaginant tenant des deux mains le pied du
micro de scène de notre gloire, à l’aube des années
90 avec le titre remedy des Crows sus-cités
pour exemple. 2 minutes 45 de pétage de plombs. 2
minutes 45 qui résument tout l’esprit du groupe.
Un mur. Une armée au combat, la rage au ventre et le
couteau entre les dents. Les guitares grondent en feu
nourri derrière la voix chargée d’excès de Phil
Boyd. Elle roule, à la fois rock et groovy. Elle se
laisse mener ou soutient les solos chargés de références
aux sixties. Des références qui plongent à la même
époque quand il s’agit de la basse hendrixienne
qui soutient l’ensemble et en grossit (graissit ?)
le trait. Par moment pourtant, les guitares se reposent,
la basse se fait plus discrète derrière le chant
vengeur et les paroles chargées où sont évoquées les
tombes, les corbeaux et autres éléments de la
mythologie gothique. Dans ces moments, l’auditeur
n’est pas pour autant laissé au repos. Ni ses
oreilles d’ailleurs. La formation fourbit ses armes électroniques
et le clavier, qui se glisse derrière les cordes
vocales martyrisée vient soutenir le pilonnage intensif
de nos tympans, le tapis de bombes auditives à
l’assaut de nos oreilles
Les
amateurs d’un rock balancé et pourtant couillu seront
aux anges. Modey Lemon leur offre un bon condensé
de pose et de combat sonore. Quelques bonnes mélodies
qui, sans crier au génie, remplissent bien leur motrice
fonction d’ondulation du bassin et d’envie de ne pas
tenir en place.
Ces amateurs ne seront pas déçus par la relative brièveté
de l’album, tant le disque mené tambour battant
camoufle sa brièveté par la rage rapide, directe, grinçante.
Ces amateurs de son travaillé dans la rugosité et
l’esprit Lo-Fi ne seront pas non plus
étonnés comme peut l’être votre serviteur,
par la production où le tout pour la guitare « qui
fait grincer des dents » agace de manière
crescendo au fil des titres. Des amateurs d’un genre désormais
balisé et reconnu, qui ne se poseront pas la question
de savoir si ce mur sonore agressif ne nuit pas
finalement plus qu’elles ne servent au talent indéniable
de composition de chacun des titres. Des plages qui,
camouflées sous un gloubiboulga électrisé, perdent de
leur maestria et de leur pouvoir de captation d’un
public plus généraliste.
Dommage,
on ressort un peu déçus, là où on aurait aimés être
renversés par le style et la personnalité…
Denis
|