musique

The Polyphonic Spree - Together We’re Heavy   

Hollywood Records - 2004

 

 

 

    On les a découverts il y a 2 ans, et inévitablement, on les a vus avant de les entendre. Ils étaient 25. Ils étaient texans. Ils portaient tous de longues robes blanches. Et lorsqu’on a enfin pu mettre du son sur leur image, on a vite compris que l’essentiel était ailleurs car la musique de the Polyphonic Spree était à la hauteur de son hallucinante apparence physique.

 

    Pensez donc : un Brian Wilson qui aurait continué à bouffer du LSD à la louche mais n’aurait pas fini dans son bac à sable ; un Grandaddy qui aurait troqué son électronique neurasthénique contre des instruments de conte de fées ; un Mercury Rev célébrant les rayons du soleil plutôt que l’astre de la nuit ; des Flaming Lips… faisant du Flaming Lips, mais encore plus hystériques et optimistes que de coutume, c’est tout cela que nous évoquait The Beginning Stages of… Avec en sus des paroles affreusement baba et curieusement pas ridicules du tout, pleines de sens au contraire, à base de « sun » et de « love » (répétés de préférence plusieurs fois et dans plusieurs chansons).

 

    Mais la qualité des ces miniatures gospel-pop nous avait fait oublier que le disque n’était en fait qu’une démo, uniquement destinée à les faire connaître aux organisateurs de concert (afin d’en décrocher) et sortie en l’état à cause de l’accueil enthousiaste qu’elle reçut.

 

    Donc aujourd’hui, ils reviennent. Et ils sont encore plus contents. Tant est si bien que leur (faux) premier album sonnera désormais comme ce que sa qualité nous empêchait de voir : une timide ébauche de ce dont cette chorale mirifique est capable. Car il est évident dès l’ouverture que le groupe entend bien cette fois montrer pourquoi il compte 25 membres, et que le buzz évoquant un disque « plus épique que la Vallée de la Mort » n’était pas de l’esbrouffe. Comprendre : c’est énorme. Issime. Mais contre toute attente, grande prouesse !, jamais lourd, écrasant ou pompeux. Ca doit être ça le talent. Le « groupe » de Tim De Laughter (ex Tripping Daisy !) peut ainsi se permettre 2 pièces d’opéra-pop de 8 et 10 minutes absolument ahurissantes, d’une ambition folle, maîtrisées de bout en bout et légères comme des plumes, privilégiant les sonorités claires (flûtes, clochettes, harpe, piano, theremin), emboîtant les mélodies comme par enchantement, enchaînant les morceaux de bravoure avec aisance.

 

    Car, cerise sur le gâteau, Together We’re Heavy se compose, contrairement à son prédécesseur, de véritables chansons (et non de mantras déclinés à l’envi), faisant par là-même d’autant mieux ressortir la pureté des mélodies. Le final de Mild Devotion to Majesty, ou les euphorisants Hold Me Now et A Thousand Places ( 2 tubes en puissance) vous donneront ainsi à coup sûr l’impression de visualiser une portée de labradors chiots s’ébrouant gaiement sur un nuage multicolore. Virtuellement irrésistible et très honnêtement, le genre de choses qu’on n’entend plus depuis certains délires psychédélico-symphoniques de la fin des années 60 . C’est bien simple, ce disque s’avère rapidement indispensable à une journée réussie, ne donnant qu’une envie, outre rappuyer illico sur la touche play, celle de se glisser dans une toge blanche et de chanter à tue-tête comme un con bienheureux « hail to the sky ! ».

 

    Donc oui, mille fois oui, together they’re heavy. 5 étoiles c’est dérisoire en comparaison de toutes celles que The Polyphonic Spree va vous coller entre les 2 oreilles.

 

Laurent Garcia

 

Tracklist :

01. Section 11 (A Long Day Continues/We Sound Amazed)

02. Section 12 (Hold Me Now)

03. Section 13 (Diamonds/Mild Devotion to Majesty)

04. Section 14 ( Two Thousand Places)

05. Section 15 (Ensure Your Reservation)

06. Section 16 (One Man Show)

07. Section 17 (Suitcase Calling)

08. Section 18 (Everything Starts at the Seam)

09. Section 19 (When the Fool Becomes a King)

10. Section 20 (Together We’re Heavy)

 

durée : 57'56

sortie : le 12 juillet 2004

 

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www.thepolyphonicspree.com