Attention
terrain miné pour notre clairvoyance musicale. Lawrence
David Beghtol (The Magnetic fields) et sa bande de
drilles déboulent sur notre platine avec ce qui
ressemble très fort à notre péché mignon… de la
folk countrysante, de cow-boy à l’ancienne, où on
peut entendre des cordes métalliques de guitare folk,
un ukulélé, un accordéon, et malheur pour notre
objectivité : une pedal-steel. Une musique très
connotée donc, qui a eu ses belles heures de découverte
pour le public européen, il y a quelques années. Un
genre que Beghtol semble aborder avec un allant pop très marqué, une aisance
évidente à placer des phrases verbales ou musicales
entêtantes et une apparence ensoleillée de musique
qu’on écoute au volant d’un vieux pick up Bedford,
sillonnant une autoroute américaine où l’horizon se
confond avec l’asphalte en début de fusion.
Oui
mais … non. C’est lors du second passage de
l’album dans notre lecteur qu’on s’est mis à écouter
ce que racontait le sudiste LD,
Brooklynois d’adoption et correspondant pour les
pages « arts and entertainment » du Village
Voice. A hauteur de la troisième plage exactement,
quand Beghtol, en guise d’analyse sociale qu’est Apathy! Raconte que la vie est loin d’être un poème, et que le
personnage central de cette chanson, en vient à se
bourrer la gueule parce qu’il se trouve laid, parce
que les taches de rousseur sur son visages sont aussi
moches que des taches de vieillesse pour lui qui n’a
pas encore trente ans. Lui qui rebute avec ses sales
dents… et finit par se trancher les veines dans
la baignoire. Hiatus
thématique posé sur une musique plutôt enjouée et
diamétralement antinomique avec les histoires racontées.
L’album
est à l’avenant. Morceaux de country à l’ancienne,
mâtinés de do-wop
et de gospel rythmés des plus classiques …
qu’on perçoit du coup ironique en lisant les paroles
qui y sont accolées. Comme une critique de la surface
engageante des choses, du monde, cachant les plus
horribles destins. Ici les gens se suicident, se
fracassent le crâne à coup de marteau, subissent la dépression
et commettent l’irréparable. En guise de pied de nez,
Beghtol
ajoute en note de pochette, une petite légende faite de
pictogrammes signifiants (suicide, mort accidentelle,
meurtre, vengeance, euthanasie, exécution).
L’auditeur ayant ensuite à se reporter aux différents
titres pour voir quels sont les pictos qui y sont associés
, et donnant aux plages de l’album autant de clés de
lectures morbides.
"I
wouldn't cry if you were run over by a train / But I
just might laugh if the train cut you in half"
dit l’auteur au début de l’album. "Experimental
countrypolitan deathpop!" précise le sticker
sur
la pochette. Et
nous de nous rendre compte qu’un nième album enrichi
à l’éperon de cow-boy vient rejoindre notre discothèque.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Elegy for an Ex
02.
Always the Last to Know
03.
Apathy!
04.
Trouble in Toyland
05.
When We Dance (At Joe Orton's Wedding)
06.
Burn, Burn, Burn in Hell
07.
Definitive V2
08.
Laughing at You
09.
I've Got One Foot in the Grave and the Other on the
Dance Floor
10.
Death Lies Near at Hand
11.
Diy and Save Big
12.
(If You Love Me, Baby) Pull the Plug
13.
Too Old to Die Young
14.
In Blue
15.
Unpaid Endorsement
16.
[Untitled]
Durée
: 43’
53’’
Date
de sortie
: janvier
2006
Plus+
www.thenewcriticism.com
www.acuareladiscos.com
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