musique

Dirty Pretty things - Waterloo to anywhere

Mercury/Universal

[3.5]

 

 

Avec l’avenir maudit de The Libertines, que le NME prédisait à l’époque comme la réponse anglaise aux Strokes ; l’Angleterre est en train de réactiver la guéguerre qui fit rage entre Rolling Stones et Beatles, Blur et Oasis et désormais Babyshambles vs Dirty pretty things. Avec d’un côté le (beau ?) gosse poudré jusqu’au bout du nez, cultivant la une des médias l’année dernière au bras de débauche de Kate Moss : Pete Doherty, nouveau leader des Babyshambles. Soit un jeune homme dessoudé, incarnant pour une gent féminine rock en mâl(e) d’icône, une forme très glamour de punk attitude pour tabloïds. Et de l’autre côté le looser magnifique, le guitariste Carl Barat, abandonné par son frère de sang à la suite de l’enregistrement du second opus des Libertines, perdu dans les grandes lignes et pour le music business, retranché patron et mixeur dans un club racheté à ses frais : le « dirty pretty thing ».

 

Reste que Barat n’avait pas dit son dernier mot, et enrôle le batteur des défunts Libertines, puis s’entoure de nouveaux poulains dans une nouvelle aventure musicale : Dirty Pretty Things (ben oui forcément…). Et l’arrivée en scène de ce waterloo to anywhere fait parler la presse musicale autant que les sites officiels des formations nées des cendres des Libertines. Qui de Babyshambles ou de DPT est le vrai sauveur du rock, le vrai groupe, avec la vraie identité ou cool attitude ? Nous on a tranché, et aux Peter Doherteries efficaces sur le single kill a man giro puis dilapidées au fil d’un album qui doit trop aux Clash, on préfère quant à nous l’album de Barat largement inspiré des Libertines qu’il pille certes, mais aussi remet au carré en s’absolvant des digressions habituelles sous l’impulsion de Doherty (exit l’imagerie d’Albion…). Alors oui, c’est sûr, Waterloo to anywhere n’est pas la grande innovation de l’année. Oui c’est sûr aussi, Barat place ses DPT dans la droite ligne des Libertines, ou des Strokes, saupoudrant l’album d’un peu de Franz Ferdinand passé par là depuis, et du pub pop/rock britannique. Pourtant, le tableau est loin d’être noir. La clique lâche un pétard qui emballé en moins de 34 minutes, s’avère loin d’être mouillé. Il devrait assurément animer soirées de bars rock autant que les festivals estivaux. Et faire boire quelques bières à la canaille fan de pop à guitares acérées.

 

Dans la première partie de l’album, descendant en droite ligne des Libertines, Carl Barat semble avoir envie d’en découdre avec le frère ennemi. Les morceaux sont explosifs, avalant la distance à la vitesse de la lumière comme s’il n’y avait pas une seconde à perdre. Cette urgence est doublée de gimmicks entêtants et par des paroles qui font souvent référence à la trahison, à l’addiction, ou au côté éphémère des stars de journaux. Le registre y est clairement power pop, sur-survitaminé. Pourtant dès gentry cove avec sa relecture rapide d’un reggae de bon alloi, Barat lâche les thématiques rancunières et élargit la sphère d’activité musicale du groupe, où le punk est une base sur laquelle le groupe compose un rock moins serré dans le blouson de cuir, car DPT est un groupe et pas un backing band de luxe. La suite de l’album se joue d’une guitare un peu moins basique et de morceaux qui oscillent entre l’immédiat et une relecture de l’ histoire du rock portant un peu moins d’œillères. Efficaces et prometteurs.

 

Et si on préfère tout de même quand DPT éclate punk / pub, force est de constater que le groupe réussit à se forger une identité à part entière, entre son leader et sa formation d’origine, douée d’un potentiel qui s’épanouit à peine sur ce premier album électrique et détonnant. Un waterloo to anywhere qui pourrait néanmoins lui assurer des lendemains qui chantent, malgré un certain moule qui le formate plus que le groupe ne cherche à l’envoyer voler en éclats. Mais comme ce moule est de super qualité, le cake est pourtant bien goûtu !

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Deadwood

02. Doctors and dealers

03. Bang bang you're dead

04. Blood thirsty bastards

05. The gentry cove

06. Gin & milk

07. The enemy

08. If you love a woman

09. You fucking love it

10. Wondering

11. Last of the small town playboys

 

Durée : 33'

Date de sortie : 09/05/2006

 

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