The
Mountain Goats
- We Shall All Be Healed
4AD/beggars -
2004
|
|
|
|
Se pencher sur la bio de the Mountain goats,
c’est découvrir un passif
lourd de cassettes magnétiques et de 7 pouces
publiés sur différents labels. John
Darnielle est
l’homme qui soutient ce projet
volontairement lo-fi, à bout de bras, malgré les
changements réguliers de personnel au sein de la
formation). Il chante avec un nasillement qu’on
croyait réservé à Dylan et s’accompagne
essentiellement de sa guitare acoustique, dans la plus
pure tradition des chansonniers américains (Johnston,
Dogbowl, Ron Sexmith [CA] etc.)
Et,
pour les gens qui maîtrisent la langue de Shakespeare
en version outre-Atlantique, les différents titres des
précédents opus du sus-nommé sont paraît-il de la
plus pure poésie, faite d’images et de métaphores;
pour parler de révoltes sociales et de quotidien
philosophique, désillusionné…
Alors
pour ce deuxième essai publié de ce côté de l’Atlantique
par 4AD, produit par John Vanderslice, qu’en
est-il de la lo-fi revendiquée et de la portée de la
seule musique sur nos oreilles anglophiles non
anglophones ?
N’en déplaise aux critiques britons ,ce n’est pas
du côté des paroles que nous irons chercher d’éventuels
reproches. Nos confrères britanniques s’attaquent
essentiellement à des lignes de textes
telles We
are what we are/ Get in the goddamn car (…) Eating the
utterly inedible (Slow West Vultures) ou encore
d’autres telles Martin calls to say he's sending old
electrical equipment/ That's good, we can always use
some more electrical equipment (Letter from Belgium)…
quant à nous, nous ne les comprenons pas forcément
de prime abord, et force est d’avouer que les mélodies,
toujours simples et efficaces, produisent leur petit
effet sur l’auditeur dont votre serviteur.
Couplet+refrain+pont : tout comme aiment les fans
rock et de pop. Sans artifice, dans leur plus simple
appareil « guitaristique »… Que demander
de plus ?
L’opposition aux standards de production cliniques est
toujours présente, quoi qu’à notre sens un peu en
retrait. On sent bien que le groupe ne s’est pas mué
du jour au lendemain en rat de studio certes, mais tout
de même… Même si Darnielle nous envoie
toujours ses chansons comme s’il était coincé aux
cabinets et comme s’il avait testé le potentiel de sa
guitare folk électro-acoustique dans les couloirs du métro ;
il faut cependant reconnaître que le producteur a fait
ce qu’il pouvait pour arrondir et nettoyer le son
« pourrave » qui risquait de parvenir à nos
oreilles. Alors on hésite. On hésite entre le plaisir
d’une certaine pureté qui met en valeur la mélodie
faite de guitare, d’une batterie, de touches de piano
ou de
violon. On regrette aussi un peu que cette musique toute
simple ne nous arrive pas dans le creux de l’oreille
comme une bonne boulette de papier mâché sale et
gluante annonciatrice d’un bon petit combat de
sarbacanes au fond de la classe. Un grand écart entre
production et lo-fidelity et bidouillage de studio qui
nous éloigne parfois de la camaraderie qui se dégageait
jusque là de cette formation folk.
Bref, un bon album « de genre », le
folk-rock, mis en pièces par la production et recollé
à la super glu par l’ingénieur aux manettes. Un
album simple sans être simplet, fait de 13 chansons aux
lignes de force aussi évidentes qu’efficaces. Forcément,
si on connaît bien le passif du groupe, on peut
ressentir comme un petit air de déjà entendu. Forcément
il ne faut pas rechercher chez les Mountain goats quoi
que ce soit qui ait l’étoffe d’un tube
interplanétaire. Obligatoirement, il n’y a rien chez
les MG qui les distingue des autres groupes
jouant dans la même catégorie. Pourtant, pourtant il y
a assez de talents et de vie dans ces 13 titres pour
passer un agréable moment sur les traces de John
Darnielle.
Denis
|